Lagardère et hauts cadres d'EADS : Des actionnaires trop bien informés02/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/04/une2070.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lagardère et hauts cadres d'EADS : Des actionnaires trop bien informés

L'AMF, l'autorité des marchés financiers, chargée de vérifier la régularité des opérations boursières, vient de confirmer qu'il y avait effectivement des raisons de soupçonner les hauts dirigeants d'EADS, dont le constructeur d'avion Airbus est une des filiales, d'avoir commis un délit d'initié. Dix-sept des vingt-et-un dirigeants et actionnaires qui étaient sur la sellette depuis que cette affaire avait éclaté, fin 2006-début 2007, vont donc être poursuivis.

Le délit d'initié consiste à profiter d'informations non publiques pour spéculer. Ainsi, des dirigeants d'EADS avaient vendu massivement une part importante de leurs actions de l'entreprise avant que les retards dans la production des A 380 soient rendus publics, avant donc que les cours de ces actions s'effondrent. L'opération avait rapporté à ses bénéficiaires, parmi lesquels Arnaud Lagardère, le principal actionnaire français du groupe, globalement un milliard d'euros.

Le gouvernement d'alors, dirigé par Villepin, mais dans lequel siégeait Sarkozy, pouvait difficilement ignorer l'affaire, bien qu'il ait prétendu le contraire ; d'autant moins que les actions d'EADS avaient été rachetées par la Caisse des dépôts et consignations, organisme financier qui dépend directement de l'État. Cela est choquant en soi. Mais cela l'était d'autant plus qu'au même moment, Airbus annonçait sa décision de supprimer 10 000 emplois.

Ainsi donc, ces hauts dirigeants ne sont poursuivis que pour avoir triché avec les règles qui régentent les activités boursières. C'est uniquement pour cela qu'ils sont poursuivis aujourd'hui, pas pour avoir empoché un milliard d'euros grâce à un coup de Bourse chanceux. Car dans leur monde, celui des boursicoteurs de haut vol, le fait de gagner des sommes astronomiques d'un coup, en revendant ses actions ou en en rachetant d'autres, grâce à ses informations ou à son flair, c'est tout à fait juste et moral.

Ces dix-sept dirigeants d'EADS sont donc poursuivis, et peut être seront-ils condamnés. Encore que l'on commence à dire qu'il est bien difficile de faire la preuve qu'il y ait eu délit d'initié. Car des affaires de ce type, il y en a déjà eu par le passé, certaines ayant même défrayé la chronique. Aucune n'a abouti à faire en sorte que les auteurs de ces délits finissent sur la paille d'un cachot, ni simplement sur la paille, ruinés, dépouillés des milliards qu'ils s'étaient procurés par la tricherie. Pour preuve : en 2005 par exemple, sur 91 enquêtes ouvertes pour délit d'initié, 23 avaient débouché sur une procédure de sanction... et deux seulement sur une sanction !

Partager