ArcelorMittal - Gandrange (Moselle) : La fermeture de l'aciérie confirmée02/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/04/une2070.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ArcelorMittal - Gandrange (Moselle) : La fermeture de l'aciérie confirmée

C'est vendredi 4 avril que doit être officiellement annoncée, lors d'un comité d'entreprise extraordinaire, la fermeture de l'aciérie et d'un laminoir sur le site de Gandrange. La CGT appelle à 24 heures de grève et à manifester devant le comité d'entreprise qui se tiendra à Metz. Jeudi 3, une manifestation est également prévue à Metz par tous les syndicats pour protester contre la suppression de près de 600 emplois sur les 1 100 du site.

Depuis l'annonce du projet mi-janvier, la direction a mené toute une campagne dans l'entreprise, promettant aux travailleurs d'ArcelorMittal qu'aucun ne se retrouvera sur le carreau, grâce à des mutations et des départs en retraite. Mais tout le monde sait que les mutations à l'usine de Florange toute proche se traduiront là-bas par des départs d'intérimaires. Et surtout, aucune garantie n'est fournie aux intérimaires de Gandrange et aux sous-traitants qui, eux, vont se retrouver le bec dans l'eau.

L'idée d'exiger qu'ArcelorMittal embauche la centaine d'intérimaires présents sur le site et qu'il s'engage à leur assurer un revenu fait donc son chemin dans les esprits. Même chose pour les employés des entreprises sous-traitantes dont il serait normal qu'ArcelorMittal s'engage à assurer l'avenir.

Du côté des syndicats, chacun a beaucoup plaidé pour sa solution : la CGT a défendu une reprise de l'ensemble de l'usine par un repreneur extérieur, mais ArcelorMittal n'est pas vendeur d'un site acquis pour le franc symbolique en 1999. La CFDT et la CGC, elles, plaidaient pour une modernisation de l'usine et une poursuite de l'ensemble de l'activité au sein d'ArcelorMittal, expliquant à la direction qu'elle économiserait 15 millions si elle suivait leur projet, évalué à 40 millions d'euros, alors que le coût de la fermeture est chiffré par la direction elle-même à 55 millions.

Mais la direction du groupe n'a eu cure de tous ces bons conseils car ses plans à elle - dans lesquels les 600 emplois de Gandrange pèsent pour rien - ne sont pas de produire de l'acier mais de produire des profits. Et ce ne sont pas les jérémiades des pouvoirs publics régionaux sur la fin de l'industrie en Lorraine qui risquaient d'émouvoir beaucoup les actionnaires du numéro un mondial de l'acier.

Même de Sarkozy, ces gens-là se moquent éperdument. Venu à Gandrange le 4 février, dans une mise en scène soigneusement organisée, il avait promis que les pouvoirs publics aideraient Mittal à investir pour garder l'usine de Gandrange avec tous ses emplois, ou bien qu'il aiderait un repreneur à poursuivre l'activité. Les gesticulations de Sarkozy étaient sans doute destinées à l'électorat avant les élections municipales, mais n'ont pas empêché les deux principales villes toutes proches, Metz et Thionville, de basculer à gauche, ce qui a constitué une véritable surprise.

Il était pour le moins choquant de proposer de l'argent public au numéro un mondial de l'acier (7,5 milliards de bénéfices en 2007) pour continuer à faire des profits. Mais même ces cadeaux de Sarkozy sont renvoyés dédaigneusement par ArcelorMittal à leur expéditeur, en se moquant visiblement qu'il fasse piètre figure auprès des électeurs. Les patrons ne sont pas élus, puisque ce sont les rois. Mais il est vrai que les rois ne sont pas éternels.

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