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- Lutte ouvrière n°2069
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Leur société
Gestion de l'eau en Île-de-France : Une rente à perpétuité pour Veolia ?
À la suite des élections, les conseils municipaux de 144 communes d'Île-de-France, hors Paris, désignent ces jours-ci leurs délégués à un regroupement intercommunal, le SEDIF, le Syndicat des eaux d'Île-de-France.
Celui-ci avait été épinglé par la revue Que choisir ?, en janvier 2006, pour " une surfacturation phénoménale " . Une enquête de novembre 2007 avait confirmé l'inscription de Veolia au livre des records des marges bénéficiaires. Cette société, à laquelle le SEDIF a confié la gestion de l'eau et sa facturation jusqu'à fin 2010, ferait payer le service de l'eau aux habitants 2,5 fois son coût !
L'opacité des comptes ne permet pas de savoir comment les marges exorbitantes prélevées sur l'usager se sont retrouvées dans les profits engrangés par Veolia. Veolia n'a pas pris la peine de répondre à Que Choisir ?, qui dénonçait les " profits abusifs " des distributeurs et le " scandale sur facture ". C'est le président du SEDIF qui s'est chargé de la défense des intérêts du trust de l'eau, un président qui n'est autre qu'André Santini, maire d'Issy-les-Moulineaux et secrétaire d'État chargé de la Fonction publique dans le gouvernement Fillon.
En 2006, André Santini avait exprimé " sa stupeur " et son " indignation " face à la première enquête de Que choisir ?, affirmant que le service de l'eau fournissait " un produit sûr et d'une qualité irréprochable, cent fois moins cher que l'eau en bouteille ! " Récemment, il s'est décidé à fournir quelques chiffres aux enquêteurs de Que choisir ? qui ont estimé que certains postes de dépenses étaient " très excessifs " par rapport aux prix de référence en leur possession.
Ainsi, une grande partie des communes d'Île-de-France adhérentes au SEDIF verse régulièrement une rente à Veolia (ex-Générale des eaux, Vivendi) depuis... 1923. Le contrat en cours, conclu en 1962, prendra fin le 31 décembre 2010. En principe, il y aura alors le choix pour ces communes entre un nouveau contrat avec une des trois sociétés privées - Veolia, Suez ou la Saur - ou bien décider de recourir à une gestion publique.
Des maires de gauche se sont prononcés pour une gestion publique directe de l'eau en Ile-de-France. Ils ont lancé un appel à leurs collègues dans ce sens et plusieurs études officielles confirment que l'eau revient moins cher gérée en régie directe que quand elle est concédée à une société de traitement et de distribution de l'eau. Il serait donc décisif que l'eau cesse d'être au service de Veolia et des deux autres compagnies, et qu'elle soit prise en charge directement par la collectivité, sous le contrôle des usagers. D'ailleurs, dans de nombreuses communes, des associations de locataires se fixent comme objectif de contrôler les charges, parmi lesquelles figure la facture d'eau, qui pèsent lourdement sur les budgets. Qu'elles aient leur mot à dire serait la moindre des choses.