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Leur société
Fermetures d'entreprises : Patientez, on va réindustrialiser.
Le président de la République a annoncé jeudi 21 février l'intervention d'un Fonds national de réindustrialisation destiné aux régions frappées par la fermeture d'une usine. En fait, ce fonds mis en place par Jospin existe depuis 2002. Ce dispositif, en grande partie financé par l'État et les collectivités locales, a évidemment une efficacité plus que douteuse, à voir les chiffres du chômage des régions frappées par des licenciements dans l'industrie. Il est par contre le bienvenu pour des patrons qui font la chasse aux subventions publiques.
C'est devant des travailleurs embauchés sur l'ancien site de Metaleurop à ¬Noyelles-Godault, aujourd'hui entièrement détruit et dépollué, et bien sûr devant les photographes et les caméras, que Sarkozy s'est présenté comme le champion de la reconversion industrielle. Il a présenté la reconversion du site comme exemplaire : " Près de 700 emplois ont déjà été créés et 1 800 le seront au total d'ici à trois ans. Cela signifie qu'il y aura plus d'emplois qu'il n'y en avait à l'époque de Metaleurop ", a-t-il prétendu. Les anciens ont dû s'étrangler en entendant cela : en 2003, il y avait eu 830 licenciements directs et on estimait à 2 000 le nombre d'emplois menacés par la fermeture de la fonderie. Et sur le nouveau site industriel, seulement 35 anciens de Metaleurop ont été embauchés !
Mais toute cette mise en scène vise moins les anciens de Metaleurop qu'à faire illusion vis-à-vis de tous ceux qu'indignent les licenciements ou les fermetures d'entreprises annoncés par ArcelorMittal, Michelin, Miko, etc., depuis le début de l'année, alors que ces entreprises annoncent dans le même temps des profits plus que satisfaisants.
Sarkozy s'est engagé à revenir sur les lieux " autant de fois qu'il faudra pour m'assurer que personne ne reste sur le carreau ", ajoutant : " On ne laissera pas tomber ce coin de France. (...) Mon ambition est de faire de ce drame une réussite. " Mais déjà en 2003, lors de la fermeture de Metaleurop, Raffarin, alors Premier ministre d'un gouvernement où François Fillon était ministre des Affaires sociales et Sarkozy ministre de l'Intérieur, s'était dit lui aussi " touché au plus profond " par " ces coups de poignard dans notre territoire et dans nos entreprises ".
À chaque plan de licenciements ou de fermeture d'entreprise, les ministres et chefs de gouvernement versent quelques larmes... et laissent aux patrons la liberté de faire ce qu'ils veulent de leur entreprise et de leurs capitaux. Ainsi le groupe ¬Metaleurop, aujourd'hui rebaptisé Recylex, cinq ans après la fermeture de l'usine de Noyelles-Godault, n'a jamais été contraint de payer pour la catastrophe sociale qu'il a provoquée... pas plus qu'il n'a été contraint de financer la dépollution du site.
Le truc qu'a trouvé le gouvernement pour prétendre qu'il agit face aux licenciements et aux fermetures d'entreprises industrielles n'est donc pas nouveau. Il s'agit de demander aux travailleurs concernés de patienter en attendant que leur région se " réindustrialise ". Et surtout de ne demander aucun compte aux patrons pour les dégâts que provoquent leurs décisions.