- Accueil
- Lutte ouvrière n°2064
- La religion : Ni vaccin, ni remède contre la barbarie
Leur société
La religion : Ni vaccin, ni remède contre la barbarie
" Le drame du XXe siècle, de ces millions d'êtres projetés dans la guerre, la famine, la haine, la séparation, la déportation et la mort, n'est pas né d'un excès de l'idée de Dieu, mais de sa redoutable absence. " C'est ainsi que Sarkozy a justifié ses multiples déclarations en faveur d'un retour du religieux dans l'éducation et l'enseignement.
Il a ajouté qu'il n'y a " pas une ligne de la Torah, de l'Évangile ou du Coran, restituée dans son contexte et dans la plénitude de sa signification, qui puisse s'accommoder des massacres commis en Europe au cours du XXe siècle et au nom d'un monde sans Dieu. "
Il faut vraiment beaucoup de virtuosité dans l'interprétation par exemple de la Bible pour en faire un modèle de tolérance. L'Ancien Testament énumère des centaines de massacres, pillages, perpétrés par la volonté divine. On peut y lire : " Si elle (une ville) te refuse la paix et entame la guerre avec toi, tu l'assiégeras, et quand le Seigneur, ton Dieu, l'aura livrée entre tes mains, tu en passeras tous les mâles au fil de l'épée. " " Quant aux villes de ces peuples dont le Seigneur, ton Dieu, te donne la propriété, tu n'y laisseras pas âme qui vive. "
Le Coran, lui non plus, ne pousse pas vraiment à l'amitié entre les peuples quand il préconise à ses fidèles : " Lorsque les mois sacrés seront expirés, tuez les infidèles partout où vous les trouverez. Faites-les prisonniers ! Assiégez-les ! Placez-leur des embuscades ! " Il est vrai qu'il a ajouté : " S'ils font amende honorable, célèbrent l'office de la prière et paient la dîme, laissez-les poursuivre leur chemin ! Dieu est clément et miséricordieux. " Si c'est le cas, il cache bien son jeu !
Les religions et les Églises de toutes obédiences se sont toujours accommodées des massacres qui ont marqué l'histoire de l'humanité : saint Augustin, célébré comme un des Pères de l'Église, déclarait ainsi dès le IVe siècle : " Il y a une persécution injuste, celle que font les impies à l'Église du Christ ; et il y a une persécution juste, celle que font les Églises du Christ aux impies. (...) L'Église persécute par amour et les impies par cruauté. " L'Église et les États chrétiens ont par la suite fait preuve de beaucoup de cet " amour " un peu particulier...
Charlemagne donnait ainsi le choix entre " le baptême ou la mort " aux Saxons. Les croisades en " terre sainte " et les innombrables massacres et pillages y furent tous commis au nom de Dieu. Quant au fameux " Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ", il aurait été prononcé par l'envoyé du pape lors du massacre des Albigeois hérétiques.
Les massacres commis contre les peuples coloniaux furent couverts par l'Église. Et la boucherie de 14-18 se déroula tout de même principalement sur le sol européen entre des puissances qui se réclamaient toutes du christianisme, bénéficiant du soutien de toutes les hiérarchies ecclésiastiques.
La venue d'Hitler au pouvoir en 1933 vit l'établissement d'un concordat entre lui et le futur pape Pie XII. Le journal français catholique La Croix se réjouissait par exemple à l'époque de " ce que le nouveau régime scolaire allemand comporte l'exclusion complète du laïcisme dans l'École ". Puis l'Église catholique fut ensuite un parfait soutien au régime de Vichy, même si des prêtres prirent individuellement certains risques pour protéger des Juifs.
La hiérarchie religieuse s'est toujours placée socialement dans le camp des puissants. Le sentiment religieux n'est donc en aucun cas un vaccin contre la barbarie et les massacres. Et bien souvent il a au contraire fourni un alibi et un étendard aux massacreurs.
Alors, les jeunes et les moins jeunes ont à étudier une histoire de l'humanité écrite en lettres de sang car, comme le disait Primo Levi, rescapé des camps, " Quiconque oublie son passé est condamné à le revivre. "
Une histoire dans laquelle la religion s'est bien plus souvent placée du côté des massacreurs de toute sorte que du côté des opprimés.