Tchad : Grâce au soutien de la France, la dictature se renforce16/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2063.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tchad : Grâce au soutien de la France, la dictature se renforce

Dans la foulée du succès militaire obtenu par le président tchadien Idriss Déby, celui-ci fait arrêter et élimine ses opposants politiques.

Plusieurs auraient été exécutés et trois figures marquantes de l'opposition ont été arrêtées par des hommes armés, après la fin des combats. On ignore ce qu'ils sont devenus. Le principal d'entre eux est un ancien chef de l'État en titre, par ailleurs président d'un comité de suivi d'un processus, initié le 13 août 2007, censé aboutir à des élections d'ici à 2009. Le moins qu'on puisse dire, c'est que pour ces futures élections démocratiques c'est mal parti !

Le commissaire européen au Développement a protesté contre l'arrestation des représentants " charismatiques " de l'opposition tchadienne. Quant à l'ineffable Kouchner, il a déclaré : " Maintenant il faut qu'il (le gouvernement Déby) prouve qu'il est vraiment le gouvernement de tous les Tchadiens, et je pense qu'il le fera. " À quoi Déby a répondu de façon lapidaire : " Moi je suis sur le terrain pour sauver le pays, mais je ne m'occupe pas de ces détails. "

Idriss Déby est arrivé au pouvoir en 1990, exactement comme les rebelles qui viennent d'être repoussés ont tenté de le faire, grâce à une colonne militaire en provenance du Soudan. Plus tard, il s'est fait élire président de la République. Encore plus tard, il a fait modifier la Constitution de façon que le nombre des mandats présidentiels ne soit plus limité par la loi.

Enfin, en août dernier, Déby s'est engagé, dans un accord avec l'opposition, a procéder à des élections en 2009. C'est précisément le responsable de la surveillance de la bonne application de cet accord qui vient d'être enlevé.

Le maintien de la dictature doit énormément au rôle de la France dans les affrontements récents contre les rebelles. Selon les déclarations officielles, l'armée française ne serait pas intervenue directement dans les combats. Mais un journal comme La Croix affirme l'inverse : des troupes spéciales françaises auraient pris part aux combats et des officiers auraient coordonné une attaque de l'armée tchadienne. Et il est évident que, de toute façon, le soutien logistique de l'armée française a été déterminant. Ainsi, en " sécurisant " l'aéroport de N'Djaména, sous prétexte de permettre l'évacuation des ressortissants étrangers, les troupes françaises ont permis à l'aviation d'Idriss Déby de disposer d'une base majeure pour ses hélicoptères de combat, qui semblent avoir été décisifs dans les affrontements. Sans compter le ravitaillement en munitions, etc.

Déby peut à bon droit se féliciter que " la France n'a pas failli à ses engagements " et " a tenu ses engagements fortement par rapport à l'agression ". Et rappelons que le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a cru bon de se rendre au Tchad le 6 février, pour bien incarner l'alliance française.

Grâce au soutien des Sarkozy, Kouchner, Morin et des militaires français, la dictature d'Idriss Déby, après avoir vacillé, se retrouve peut-être solidement en selle. Idriss Déby pourra, avec son clan, profiter de la manne du pétrole dont l'exploitation a commencé dans le sud du pays.

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