Société Générale : Le fretin en prison, les requins au balcon16/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2063.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Société Générale : Le fretin en prison, les requins au balcon

Jérome Kerviel, l'employé de la Société Générale accusé d'avoir fait perdre cinq milliards d'euros à ses patrons, a été incarcéré à la prison de la Santé vendredi 8 février. Les juges disent qu'ils veulent le mettre dans l'impossibilité de communiquer avec d'éventuels complices. Il sera en tout cas dans l'impossibilité de communiquer avec les journalistes.

C'est peut-être pour cela que l'avocat de la Société Générale et, derrière lui, la direction de la banque se sont réjouis de cette mise à l'ombre. Pourtant ce sont les mêmes qui, depuis le début de l'affaire, jurent leurs grands dieux que Kerviel a agi seul, qu'il ne disposait d'aucune complicité dans la banque et que, surtout, la Société Générale n'a rien à cacher dans cette affaire.

C'est toujours la version que défend Bouton, le PDG de la banque, qui lui n'a pas été emprisonné pour l'empêcher de communiquer avec ses compères, dans un entretien au journal Le Monde du 12 février. La banque a perdu cinq milliards, dans des opérations qui engageaient plus de capital qu'elle n'en possède, mais lui n'a rien vu, rien entendu, rien soupçonné. Ni lui ni ses adjoints ne sont donc en cause, et d'ailleurs les affaires continuent.

La Société Générale rachète ces jours-ci une banque russe. Bouton affirme que les banquiers et les autorités russes n'ont pas été rebutés par les aventures récentes de la banque française, car ils en ont vu d'autres. Là-dessus, on veut bien le croire.

En même temps, la Société Générale lance une opération de " recapitalisation " en proposant à ses propres actionnaires, les plus petits, les porteurs individuels, d'acheter de nouvelles actions de la banque à un taux préférentiel, pour un montant de 5,5 milliards d'euros. Il demande donc à des gens dont il vient de mettre en péril les économies, de remettre au pot et de repartir pour un nouveau tour ! Et lorsque le journaliste lui demande si la Société Générale va changer de politique, après les milliards de pertes sur l'immobilier américain et dans les opérations attribuées à Kerviel, Bouton répond simplement " non " et il ajoute : " Nous ne sommes pas des spéculateurs ".

Tondre les moutons, c'est un métier. Lorsqu'il est fait sur une grande échelle et avec suffisamment de toupet, il ne mène pas en prison.

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