Rififi à Neuilly16/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2063.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rififi à Neuilly

Tout ou presque a été dit sur le choc entre bandes rivales qui s'affrontaient ces jours derniers dans une ville de la proche banlieue parisienne, et sur leurs méthodes de voyous. Cette fois, cela ne s'est pas passé en Seine-Saint-Denis, mais dans les Hauts-de-Seine, à Neuilly. Et même si on y dort souvent dans des draps de soie, on n'y lave pas toujours son linge sale en famille, mais au grand jour, sur la place publique, et même devant les caméras de la télé.

Si cet événement a focalisé l'intérêt de la presse, ce n'est pas seulement parce que la ville avait été dirigée naguère par Nicolas Sarkozy, mais c'est surtout parce que l'un des protagonistes de la crise qui a abouti à la capitulation de David Martinon, candidat UMP désigné par l'Élysée pour la mairie de Neuilly, n'était autre qu'un des rejetons Sarkozy. Tout le monde a souligné sa précocité dans le domaine de la trahison, façon d'illustrer la continuité entre le fils et le père.

Mais Neuilly n'est pas une exception. Nombreuses sont les villes où l'on assiste à de tels crêpages de chignon entre notables de l'UMP, et plus généralement entre candidats de la droite, même si à gauche de telles rivalités existent aussi. Est-ce dû à la dégringolade persistante de la cote de popularité du président de la République dans les sondages ? Est-ce dû à des rivalités d'ambitions ? En tout cas, cela se traduit pas une nervosité de plus en plus perceptible qui agite les crabes du panier de l'UMP.

Et Sarkozy, d'ordinaire si friand d'interviews qui lui fournissent l'occasion de dire tout et son contraire, lui l' " accro " des micros et des caméras, ne s'est guère montré bavard sur des péripéties qui pourtant le concernent de près. Lors de son intervention télévisée sur l'Europe, il n'a parlé que... de l'Europe et, lors de son périple en Guyane, il n'a parlé de rien d'autre que de la Guyane, se décidant finalement, pressé par les journalistes, de recommander à ses partisans de " garder leur sang-froid ". À croire que ce qui se déroule dans son camp à l'approche des élections est très, très loin de ses préoccupations.

À moins qu'il n'y ait une autre explication. Sarkozy nous répète à tout bout de champ, quel que soit le sujet, que les électeurs lui ont donné mandat de prendre chacune de ses mesures contre la population, que ce soit la remise en cause des retraites ou l'instauration des franchises médicales. Alors il craint peut-être qu'après le 9 et le 16 mars prochains, jours des élections municipales, il ne puisse plus ressortir le même faux argument, avec le même aplomb. Du coup, il feint de ne pas être impliqué par ce scrutin. Trop facile !

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