Une étude publiée par le quotidien économique La Tribune du mardi 12 février montre que du côté des plus grands patrons, ceux des entreprises du CAC 40, l'heure n'est pas à l'austérité. L'étude, réalisée auprès de 100 entreprises, dont 11 françaises, montre que le revenu moyen des patrons français est de 5,87 millions d'euros par an, faisant d'eux les PDG les mieux payés d'Europe, et que trois sur quatre ont vu leur rémunération grimper de 40 % en 2007 ! On est loin des complaintes de leurs représentants selon lesquels, en France, on " découragerait l'esprit d'entreprise " par des " charges exorbitantes ", en pesant sur " ceux qui gagnent de l'argent ".

Depuis des années en fait les grands patrons français, soi-disant pour rattraper leurs écarts de revenus avec les pays anglo-saxons, s'augmentent généreusement jusqu'à 25 % par an. À ce rythme, ils ont tellement " rattrapé " les pays anglo-saxons qu'ils sont passés devant !

Une précédente enquête, d'un autre cabinet de conseil (Proxinvest), rendait compte des revenus des grands patrons européens en citant quelques patrons français. Ainsi Daniel Bouton, qui a su administrer la Société Générale avec la vigilance que l'on sait, a encaissé 10,8 millions d'euros en 2006. Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes, le talonne avec 10,3 millions. Mais le champion est Louis Schweitzer, qui n'est pourtant plus " que " le président du conseil d'administration de Renault, et non son PDG, qui a encaissé en 2006 11,9 millions d'euros (presque un million par mois).

Ces revenus sont jugés astronomiques même par les experts des cabinets de conseil. Un responsable de Proxinvest juge que ces " patrons se sont trop augmentés ", et ce cabinet leur recommande de rester " raisonnables ", c'est-à-dire... " de ne pas dépasser 240 fois le smic " ! Les grands patrons n'ont pas écouté ces conseils de quasi-austérité et se sont octroyé en moyenne 384 fois le smic. Ils ne vont pas se laisser affamer, que diable !