Oise : L'hospitalisation publique mise à mal pour engraisser le privé16/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2063.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Oise : L'hospitalisation publique mise à mal pour engraisser le privé

Dans sa plaquette de présentation de l'hôpital privé de Chantilly, qui a ouvert il y a quelques mois, le trust des cliniques privées, La Générale de Santé, se vante de la mise sur pied " d'une opération innovante de partenariat " qui a permis l'ouverture de ce nouvel établissement... Doux euphémisme pour définir une opération qui a entraîné fermetures et blocages de crédits dont tous les établissements publics de santé du département de l'Oise ont eu à subir les conséquences.

La Générale de Santé possédait à Senlis une petite clinique qui végétait : la clinique Saint-Joseph. Avec l'appui de toutes les autorités de Santé et du gouvernement, la Générale de Santé avait réussi au début des années 2000 un premier coup de maître : elle a fermé sa maternité, qui n'enregistrait que peu de naissances... pour aller installer cette dernière au sein de l'hôpital de Senlis qui, lui, assurait plus de 2 500 accouchements par an. L'hôpital transférait ainsi les bénéfices de ses propres activités d'obstétrique aux actionnaires et médecins de la Générale de Santé.

Puis, sous les auspices du ministère de la Santé, de ses services et de l'actuel ministre du Budget, Woerth, député maire de Chantilly, un projet dit de " regroupement du pôle privé d'hospitalisation du sud de l'Oise " a été mis sur pied. En réalité il s'agissait d'opérer la fermeture de deux établissements chirurgicaux réputés, à but non lucratif, le Centre médico-chirurgical de Creil et la clinique des Jockeys à Chantilly, pour transmettre leur activité au trust de la Générale de Santé, qui ne possédait, lui, qu'un petit établissement, en manque de clientèle, à Senlis. La fermeture de ces deux établissements, réputés pour leurs compétences en chirurgie complexe et traumatique, activité la plus lucrative, ne pouvait évidemment que mieux assurer encore la prospérité des actionnaires de la Générale de Santé.

Certaines années, la totalité des attributions financières, prises sur l'argent des assurés sociaux et consacrées en théorie à la modernisation des hôpitaux publics du département de l'Oise, ont été utilisées pour financer l'opération. Pendant ce temps, les hôpitaux publics de tout le département devaient faire face à la pénurie organisée par le ministère. Les élus du secteur, eux, gardaient le silence, se contentant d'espérer que la localisation finale soit dans leur propre commune.

Au final, ce regroupement a été fait à Gouvieux, à proximité des zones d'habitations des plus riches, et, pour faire mieux et plus clinquant, il s'appelle donc " Hôpital privé de Chantilly ". Les services chirurgicaux des établissements semi-publics ont été transférés il y a quelques mois. Quant aux services de médecine et d'urgences, qui devaient l'être également, la Générale de Santé, qui ne les trouvait sans doute pas intéressants financièrement, les a suspendus. Reportant ce transfert " au plus tôt en 2010 ", elle laissait ainsi les établissements partiellement démantelés dans un marasme total, ce dont les patients vont avoir à subir les conséquences. Pendant ce temps, les personnels des Urgences de l'hôpital public de Creil, tragiquement sous-dotées, continuent leur mouvement de protestation, les personnels et les malades de l'hôpital public de Senlis, doivent faire face au manque de moyens, tout comme l'hôpital de Clermont. Une population de plus de 300 000 habitants subit les conséquences de ces choix indignes. Mais qu'importe pour certains la santé publique, pourvu que vivent les profits de la Générale de Santé.

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