On nous le répète sur les ondes et dans la presse : les contrôleurs aériens en grève ne seraient que quelques dizaines... Mais il faut croire que cela a suffi, et pour sérieusement perturber le trafic aérien, et pour provoquer la colère de bien des commentateurs de la presse écrite et audiovisuelle. Ceux-ci " ne sont pas contre le droit de grève ", disent-ils, ils sont juste contre cette grève. Comme ils sont, à chaque fois, contre les grèves de salariés et, en général, contre les travailleurs qui font valoir leurs droits et revendications.

L'immense majorité des médias présentent cette grève comme résultant de la mauvaise volonté, en outre incompréhensible, de quelques-uns... car, précisément, ils ne tiennent pas à ce que l'opinion publique puisse comprendre ce qui est en jeu.

La Direction de l'aviation civile a proposé un déplacement, présenté comme transitoire, à Roissy, en grande banlieue nord, à des contrôleurs d'Orly dont beaucoup habitent encore plus au sud de l'agglomération parisienne. Pour aller travailler, la plupart d'entre eux devraient traverser toute la région parisienne, ce qui signifie, au bas mot, deux heures de transport quotidien en plus. Donc de la fatigue, du stress supplémentaires pour les contrôleurs... et l'on comprend qu'ils ne l'acceptent pas.

Et puis, quand leur direction prétend qu'elle ne ferait appel qu'à des volontaires, elle se moque du monde. Et tout le monde sait, parmi les travailleurs, ce que cela signifie comme pressions et chantages divers quand une direction invoque le volontariat.

Ceux qui s'indiquent si fort de cette grève ont " oublié " de signaler ces faits à leurs lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. Le droit de grève, c'est le droit des travailleurs de se défendre, notamment contre des directions qui veulent leur imposer leurs choix, au mépris des conditions de vie et de travail. Sinon, qu'est-ce que cela veut dire ?