Chantiers de l'Atlantique - Saint-Nazaire (44) : Patrons, responsables pour la rentabilité pas pour la sécurité !16/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2063.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantiers de l'Atlantique - Saint-Nazaire (44) : Patrons, responsables pour la rentabilité pas pour la sécurité !

Le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire a rendu, lundi 11 février, son verdict suite au procès qui devait déterminer les responsabilités dans la chute, le 15 novembre 2003, d'une passerelle d'embarquement à bord du paquebot Queen-Mary 2 en construction, entraînant une quarantaine de personnes dans sa chute. L'accident avait fait seize morts et 29 blessés.

Le jour de l'accident, un samedi où s'effectuait la finition du paquebot, avec un nombre important de visiteurs annoncés et des salariés en train de travailler, une deuxième passerelle aurait dû être ouverte. Mais cela n'avait pas été fait pour des raisons d'économies.

Bien que le tribunal ait retenu le " défaut d'organisation dans la chaîne des contrôles " pour les Chantiers de l'Atlantique et le fait que la passerelle n'ait pas été " construite dans les règles de l'art " par son sous-traitant, la société Endel (groupe Suez), constructeur d'échafaudages, les deux entreprises s'en tirent bien. Quatre ans après la mort de 16 personnes, ils n'auront à payer, outre les indemnités dues aux victimes (au total dix millions d'euros), que des amendes d'un total de 177 500 euros pour chacune des deux entreprises, pour homicides et blessures involontaires. Ce ne sont même pas les 225 000 euros demandés lors du réquisitoire, qui seraient restés dérisoires de toute façon, compte tenu des possibilités financières des deux entreprises ! Et avec ces quelques dizaines de milliers d'euros d'amendes, les dirigeants des deux sociétés, c'est-à-dire leurs principaux et vrais responsables de la catastrophe, sont dédouanés des morts et des blessures que leur cynisme en matière de sécurité a causés. Quel mépris pour les victimes et les familles !

En fait, dès le départ le procès était faussé. Huit salariés inculpés (cadres, chefs de chantiers, ingénieurs) ont été acquittés, n'étant que des exécutants et des lampistes. Mais si les parents des victimes avaient souhaité que les PDG des deux sociétés soient condamnés y compris à de la prison, c'était sans espoir. En fait, ce ne sont pas les PDG qui ont été inculpés, mais leurs sociétés respectives, en tant que personnes morales. Celles-ci ne pouvaient pas être condamnées à de la prison, leurs PDG ne le sont donc pas non plus. Et les amendes qu'ils vont devoir payer coûteront bien moins cher aux sociétés que de mettre en place de véritables mesures de sécurité.

Car si un accident semblable est exceptionnel, c'est quotidiennement que de nombreux patrons, comme ceux des chantiers, ne traitent pas les problèmes de sécurité avec le sérieux indispensable et les investissements nécessaires et préfèrent privilégier la seule rentabilité.

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