Après la journée de grève du 1er février dans la grande distribution, les employés de Carrefour Grand Littoral, dans les quartiers Nord de Marseille, ont poursuivi la grève avec FO, la CFDT et la CGT.

Tout ce magasin, sur deux niveaux, qui emploie 600 personnes, est fermé par les rideaux de fer. La grève est suivie à 80 % par le personnel, dont les agents de sécurité.

La direction n'a pu ouvrir que mercredi 6, jeudi 7 et vendredi 8 février. Sur les 20 % de personnels qui travaillaient, la moitié étaient des cadres.

Le magasin est maintenant fermé, heureusement pour les clients, car les cadres laissaient en rayon des produits alimentaires périmés. Les grévistes en parcourant le magasin ont pu en remplir sans peine leur caddy. Les camions n'ont plus fait de livraisons.

Le gros problème vient des salaires, pour la plupart inférieurs à 1 000 euros : 700 euros net pour une caissière à temps partiel imposé, et 950 euros à temps complet avec 12 ans d'ancienneté !

Les grévistes ne veulent plus des temps partiels imposés. Ils veulent la revalorisation des plus petits niveaux qui sont payés en dessous du smic. Pour qu'ils atteignent le smic, la direction y intégrait " le forfait pause ". Enfin ils demandent la revalorisation des tickets restaurant qui ne valent que 3 euros alors que dans les autres magasins, il est de 5 euros, ce qui n'est déjà vraiment pas excessif : à part un sandwich, on ne voit pas ce qu'on peut manger. Comme dit une caissière : boire ou manger il faut choisir !

Les grévistes revendiquent une prime exceptionnelle de 250 euros par salarié, en raison du chiffre faramineux de bénéfices annoncé par le magasin.

Ils demandent que le magasin ferme en hiver à 21 h au lieu de 22 h, car ces fermetures tardives sont très fatigantes. On rentre d'autant plus tard chez soi que, si le magasin ferme, les caissières n'en ont pas fini pour autant : il leur reste à faire le décompte de leur caisse et son nettoyage.

Les caissières ont le plus souvent des horaires de 30 heures, mais elles peuvent travailler certains jours de 8 h 30 à 12 h et de 16 h à 22 h, et d'autres jours 4 h dans la journée. Ceci au gré du directeur. Du fait du contrat " modulable ", on peut faire une semaine de 30 heures aller jusqu'à 39 ou 40 heures une semaine, ou au contraire s'entendre dire un autre jour : " il n'y a pas beaucoup de clients, rentrez chez vous ". Mais alors le temps non travaillé est décompté et il faudra le rattraper une autre fois.

Il est d'ailleurs impossible, avec des horaires aussi irréguliers et incertains, de prendre un second travail pour compléter la paie.

Le personnel de Carrefour Grand Littoral veut que ses conditions de travail et de salaire rejoignent celles des autres magasins Carrefour, alors que la direction invoque le fait que ce magasin était, il y a quelques années, un magasin Continent, pour leur imposer des conditions inférieures.

La direction a assigné à deux reprises les délégués en justice, sans être pour l'instant suivie par celle-ci. Lors d'une première discussion, tout ce qu'elle avait proposé c'était des bons d'achats et une révision des contrats fin mars : on était loin de ce que voulait le personnel.

Alors mardi 12 février, au douzième jour de leur grève, les grévistes se disaient encore plus déterminés.