Afghanistan : Un journaliste menacé de mort pour s'être interrogé sur les droits des femmes16/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2063.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : Un journaliste menacé de mort pour s'être interrogé sur les droits des femmes

Sayed Perwez Kambakhsh, journaliste de 23 ans, vient d'être condamné à mort par un tribunal de la province de Balkh, dans le nord de l'Afghanistan.

Arrêté depuis plus de trois mois, il a fait l'objet d'un procès à huis clos, sans avocat pour l'assister, pour avoir téléchargé et distribué à ses camarades d'université un article jugé " insultant pour l'islam et interprétant de manière erronée des versets du Coran ". Pour s'être étonné de ce que le Coran " autorise la polygamie mais interdit la polyandrie ", il a été convaincu de " blasphème ", punissable de mort, selon la loi afghane, en application de la " charia ". Après des protestations d'organisations internationales, notamment de journalistes, le président du Sénat afghan a soutenu les conclusions du tribunal. Le procureur-adjoint de la province aurait même menacé d'arrestation les journalistes qui soutiendraient leur confrère.

Selon l'AIJA, association afghane de journalistes, il serait en réalité reproché à Kambakhsh les prises de positions de son frère, journaliste lui-même, qui a dénoncé la corruption des autorités de la province de Balkh et de certains commandants locaux.

Il demeure que, sept ans après la chute du régime des talibans, les conditions de vie en Afghanistan, dans la partie administrée par le prétendu régime démocratique de Hamid Karzaï, soutenu par les États-Unis et la France, en particulier celles des femmes, sont toujours dignes du Moyen Age. Sous la loi des bandes armées des seigneurs de guerre, toujours victimes du droit coutumier et des crimes " d'honneur ", les femmes et les fillettes afghanes sont non seulement fréquemment l'objet de violences domestiques, mais elles se voient refuser l'accès aux soins de santé, à l'éducation, à la justice, à l'emploi et à la libre circulation. Un récent et accablant rapport d'une ONG estime que leur situation ne fait que s'aggraver depuis cinq ans. Dans le sud en particulier, où les talibans regagnent du terrain, mais pas uniquement là, incendies d'écoles et meurtres d'enseignantes visent à interdire l'enseignement aux filles.

55 000 militaires occidentaux, dont plus de la moitié de soldats américains, sont toujours engagés en Afghanistan et Sarkozy a annoncé l'envoi de plusieurs centaines d'hommes supplémentaires pour renforcer le contingent français, fort déjà d'un millier de soldats. Ce soutien des impérialistes au régime d'Hamid Karzaï, prétextant l'" assistance " et la " sécurité ", ne règle en rien les problèmes quotidiens de la population, et encore moins des femmes. Au contraire, les assauts, les attentats, l'état de guerre permanent entretenu dans certaines régions, ne font qu'accentuer la pauvreté et l'arriération des conditions de vie des villageois.

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