Société Générale : Les employés n'ont pas à faire les frais du système07/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2062.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Société Générale : Les employés n'ont pas à faire les frais du système

Depuis l'annonce des pertes de 7 milliards d'euros (4,9 milliards dus à un trader et le reste englouti dans la crise des " subprimes "), la direction de la Société Générale a accentué sa propagande, en particulier par le biais de la messagerie interne.

Le 30 janvier, elle a envoyé un message demandant de participer à un rassemblement (qu'elle ne s'est pas gênée de qualifier par la suite de " spontané ") de soutien au PDG, Daniel Bouton, au pied de la tour Société Générale à la Défense, ainsi que sur le site de Val-de-Fontenay. Il y avait peu de monde. Certains salariés y sont allés pour soutenir le PDG. Mais d'autres étaient descendus avec plus de méfiance, en disant : Que Bouton règle le problème des pertes, c'est son boulot, mais pas sur notre dos.

Suite à cela, la direction a préparé un deuxième rassemblement pour le lendemain, en envoyant un courriel avec un slogan " Le groupe doit rester indépendant ", faisant écho à la crainte ressentie par beaucoup que, si la Société Générale était rachetée, des emplois seraient supprimés. Cette fois-ci il y avait à la Défense environ 2 500 personnes, venant de la Tour mais aussi des différents bureaux dispersés aux alentours. Mais beaucoup d'autres (il y a au total environ 15 000 salariés dans le secteur de la Défense) n'y sont pas allés, car leur préoccupation n'est pas le sort de Bouton.

Dans les bureaux, les discussions tournent toujours autour du devenir des salariés et de la banque. Certains souhaitent que les responsables syndicaux s'expriment clairement pour la défense de l'emploi et des salaires, plutôt que pour défendre la banque, comme ils l'ont fait jusqu'à présent, sans dire s'ils parlent des actionnaires ou des employés. Tout le monde a en mémoire la bataille entre les banques qui a eu lieu au premier semestre 1999, lorsque la BNP a tenté, sans succès, une OPA sur la Société Générale. Le personnel craignait déjà de faire les frais de la restructuration prévisible en cas de rachat.

Les salariés ont raison d'être méfiants à l'égard de la direction. Quand celle-ci parle de défendre la Société Générale et de la nécessité que la banque reste indépendante, elle pense d'abord à l'intérêt des actionnaires, et pas à celui des salariés. Elle est prête à sacrifier les emplois, si cela peut faire remonter sa cote à la Bourse.

Daniel Bouton et la direction de la Société Générale jouent aujourd'hui aux victimes trompées par une brebis galeuse, mais ce sont tout de même eux qui ont contribué à institutionnaliser ce système de fous, où des traders spéculent jour et nuit sur tout et n'importe quoi à travers le monde. Les employés de la banque n'ont aucune raison d'accepter de faire les frais de leurs jeux de casino.

Partager