Procès de l'hormone de croissance : La logique économique prévaut sur la vie des enfants07/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2062.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès de l'hormone de croissance : La logique économique prévaut sur la vie des enfants

Le scandale de l'hormone de croissance revient à la une, avec l'ouverture du procès pour " tromperie aggravée " et " homicides involontaires " de responsables médicaux et scientifiques qui, dans les années 1980, ont laissé écouler des lots d'hormone de croissance dont on savait qu'ils étaient susceptibles de transmettre la maladie de Creutzfeldt-Jakob, une maladie neurologique gravissime. À ce jour plus de 110 enfants en sont morts.

Dans les années 1970 et 1980, on traitait les enfants souffrant de retard de croissance et de nanisme hypophysaire avec de l'hormone de croissance d'origine humaine, c'est-à-dire extraite de glandes hypophysaires prélevées sur des cadavres dans les morgues des hôpitaux. France Hypophyse collectait les glandes, l'Institut Pasteur extrayait l'hormone et la purifiait et la Pharmacie centrale des hôpitaux distribuait le médicament. On ne savait pas que l'hormone pouvait être infectieuse.

Sauf que... en 1984, aux États-Unis, à la suite du décès d'un jeune homme traité avec cette hormone, des scientifiques établissaient qu'elle était susceptible de transmettre la maladie de Creutzfeldt-Jakob. L'année suivante, en Angleterre, aux États-Unis et dans d'autres pays, cette hormone d'extraction était retirée du marché. D'autant qu'on avait mis au point un procédé de fabrication par synthèse (ce qui élimine les risques de contamination infectieuse). Mais, en France, la collecte des hypophyses et la distribution ont continué et il fallut attendre 1988 pour la voir remplacée par l'hormone synthétique.

Pendant plusieurs années, on a donc continué à traiter de jeunes enfants avec une hormone de croissance dont on savait pertinemment qu'elle risquait de leur transmettre la maladie. Sans compter que des enquêtes ont révélé que pendant ces années, devant la demande croissante d'hormone - parfois uniquement pour faire gagner quelques centimètres à des enfants jugés trop petits par d'absurdes canons de beauté en vogue - des risques supplémentaires ont été pris. Ainsi, des prélèvements d'hypophyses ont été pratiqués sur des cadavres de malades morts de maladies neuro-dégénératives dans des services de neurologie et de gériatrie, des pourboires ont été versées par des médecins collecteurs à des garçons de laboratoire pour augmenter le rendement de la collecte, les techniques d'extraction et les contrôles ont été bâclés.

Les anciens responsables de France-Hypophyse, de l'Institut Pasteur et de la Pharmacie centrale des hôpitaux dont le procès s'ouvre aujourd'hui ont continué à laisser délivrer un traitement potentiellement mortel ! Tout médecins et spécialistes qu'ils soient, ils furent alors bien plus soucieux de la santé économique et financière de leurs services respectifs que de celles des enfants qu'ils étaient censés soigner.

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