Mardi 29 janvier, un rassemblement de protestation regroupant 200 personnes, essentiellement des milieux associatifs, des syndicats et de partis politiques, a eu lieu devant la préfecture de l'Isère à Grenoble. En effet, quelques jours auparavant, un demandeur d'asile, venu se renseigner sur l'évolution de sa situation administrative et accompagné d'un membre d'une association d'aide aux sans-papiers, avait été arrêté en pleine préfecture par la police, appelée par un cadre préfectoral. Puis il a été mis en garde à vue et transféré ensuite au centre de rétention administrative de Satolas (près de Lyon), d'où un juge a pu le faire sortir deux jours plus tard.

Cette méthode, pour le moins choquante, n'est pas exceptionnelle, puisque lors du rassemblement cinq autres faits semblables, qui se seraient produits dans l'année, ont été dénoncés. Le sous-préfet puis, le lendemain, le préfet lui-même ont tenu à justifier ces actes devant les caméras de la télévision locale. " Il n'y a rien d'illégal dans ce qui s'est passé, puisque la personne n'a pas été convoquée, mais s'est présentée de son plein gré ", ont-ils dit, le sous-préfet ajoutant : " Six cas sur 18 000... ce n'est pas grand-chose ". On voit que ce n'est pas lui qui était concerné.

Le matin de ce rassemblement, une trentaine de fonctionnaires CGT et SUD des services de la DDASS, des impôts, de l'Inspection du travail, et de l'Éducation, eux aussi confrontés aux pressions du gouvernement dans sa chasse aux sans-papiers, se sont adressés par tract à leurs collègues fonctionnaires de la préfecture, les invitant à résister aux directives de leur hiérarchie.

La police a vite été envoyée pour relever les identités des militants présents sur le trottoir, preuve qu'à la préfecture la distribution collective de tracts devant les portes est un événement !

Espérons que cette action et le rassemblement en fin d'après-midi freineront, à l'avenir, le préfet dans ses élans de zèle.