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- Lutte ouvrière n°2061
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Leur société
Société Générale : Ce n'est pas aux employés de payer les pots cassés !
En région parisienne, au-delà du réseau d'agences, la Société Générale comporte plusieurs grands centres : environ 3 000 à Val-de-Fontenay dans l'Ouest de Paris, et 15 000 dans le secteur de la Défense, dont 6 000 dans la tour Société Générale. Au total, la Société Générale emploie dans le monde 120 000 salariés, dont 3 000 " traders " qui effectuent des transactions financières, achètent et vendent des actions.
La direction alloue à chaque " trader " un budget, à charge pour lui de le faire fructifier. Comme ils le disent eux-mêmes : " Parfois on gagne, parfois on perd, c'est ça la banque, c'est ça la Bourse ". Ce budget augmente en fonction des résultats obtenus. Mais tout en prétendant avoir mis en place de nombreux mécanismes de contrôle, la direction de la Société Générale pousse les traders à prendre toujours plus de risques pour avoir plus de résultats. Depuis plusieurs mois, avec la crise des subprimes qui a fragilisé les marchés financiers, l'activité des placements est devenue plus intense. Et la pression sur les traders s'est accentuée.
Au-delà, cette pression est ressentie par tous les salariés de la banque : il faut travailler plus, plus vite et plus longtemps. Dans tous les secteurs, il y a des suppressions de postes et les conditions de travail se dégradent. La pression est telle qu'il y a de nombreuses démissions. La rotation des salariés, les restructurations permanentes, la mise en place de nouveaux systèmes informatiques alourdissent le travail quotidien. Mais si, pour le travail, la direction en demande toujours plus, côté salaires l'évolution est négative : l'augmentation prévue pour 2008 est de 1 %, au-dessous du niveau de l'inflation !
C'est dans ce contexte que nous avons appris, le 24 janvier, la perte de 4,9 milliards d'euros. Dans les services, tout le monde était stupéfait. Le message du PDG se voulait rassurant : il avait prévenu toutes les autorités des marchés financiers et, selon lui, malgré l'ampleur de la catastrophe, la banque réalisera un bénéfice net pour 2007.
Parmi le personnel, personne n'était pour autant rassuré. Une des conséquences immédiates de ces milliards partis en fumée est que la prime de participation risque de diminuer fortement. En outre, même si la direction met tout sur le dos de Jérôme Kerviel, beaucoup estiment impossible qu'un seul " trader " ait pu générer ainsi une perte de 4,9 milliards d'euros.
En tout cas, pour les salariés de la Société Générale, il n'est pas question de payer les pots cassés de ce système incontrôlable, où des milliards d'euros sont joués à la roulette sur toutes les Bourses du monde, au lieu d'être utilisés dans des investissements bien plus utiles.