Au départ il s'agit d'un simple incident dans une des cités de Creil, la Zac du Moulin, le 1er janvier 2008. Un incendie de poubelle se propage à l'armoire des lignes de téléphone fixe de la zone, gérées par France Télécom. Plusieurs centaines d'usagers se retrouvent donc privés brutalement de téléphone. Mais le problème, qui n'aurait dû entraîner, au maximum, que quelques jours de désagrément, a abouti à des semaines de privation totale ou partielle de téléphone pour des centaines d'habitants de ce quartier populaire.

Tous les centraux de réclamations ont été déconnectés par France Télécom pour ce secteur, laissant les habitants dans l'ignorance totale. France Télécom s'est contenté d'aviser le maire que les lignes seraient rétablies au plus tard le 8 janvier. Le maire, lui, s'est gardé de faire répercuter quoi que ce soit aux habitants.

Le 14 janvier, une partie des lignes seulement avaient été rebranchées, pour une bonne part de façon partielle, par exemple sans le téléphone ou l'internet, ou sans les câblages télé. Enfin d'autres usagers se voyaient attribuer une ligne qui n'était pas la leur. Ce n'est qu'à l'initiative d'habitants du quartier que les protestations ont commencé à s'organiser tandis que la municipalité, elle, appelée à l'aide de façon répétée, se refusait jusqu'au bout à faire quoi que ce soit pour ces centaines d'habitants, dont des personnes gravement handicapées ou malades pour qui le téléphone est vital.

Il est apparu que France Télécom, ne disposant plus de techniciens sur le terrain, avait confié à un sous-traitant, Cegelec, le soin de remettre les choses en état, sans plus s'en préoccuper. France Télécom, après vérification, a été obligé de confirmer une multitude de malfaçons. Mais ce n'est que quand les protestations se sont amplifiées et ont été enfin relayées par la presse locale que France Télécom a fini, dix jours plus tard et près de quatre semaines après la panne initiale, par prendre le rétablissement des lignes en gestion directe. Il a suffi alors de moins de 48 heures pour que tout soit rétabli normalement.

Malgré les engagements oraux et répétés de la direction régionale de Picardie, aucune information ni écrite ni orale n'a jamais été faite auprès des usagers. Quant à envisager le remboursement, ne serait-ce que des abonnements pour le service non assuré, France Télécom a refusé, se contentant de dire qu'il examinerait les éventuelles demandes écrites, " justifiées ", s'est-il permis d'ajouter.

Creil n'est ni dans le désert, ni en pleine montagne, c'est une ville ouvrière à 50 kilomètres du coeur de la capitale, dont les habitants sont traités avec le dernier mépris tant par France Télécom que par sa municipalité.