Ports autonomes : Vers la privatisation... avec le soutien de l'argent public18/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2059.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ports autonomes : Vers la privatisation... avec le soutien de l'argent public

Lorsqu'en 1992 les autorités avaient supprimé le statut particulier des dockers, elles avaient prétendu que c'était ce statut qui empêchait le développement des ports français. Quinze ans plus tard la plupart des dockers ont disparu et ceux qui restent sont devenus des " ouvriers polyvalents ". Les ports français ne s'en plaignent pas moins d'être à la traîne et de perdre des parts de marché par rapport à ceux des pays voisins.

Le gouvernement a découvert de nouveaux responsables : ce sont les travailleurs (essentiellement des grutiers et portiqueurs) des sept ports autonomes (établissements encore publics) du pays : Marseille, Le Havre, Rouen, Dunkerque, Nantes-Saint-Nazaire, Bordeaux, et La Rochelle.

Au cours de sa campagne électorale Sarkozy avait stigmatisé ceux de Marseille-Fos qui avaient fait une longue grève, en mars 2007, contre les prétentions de Gaz de France de les écarter du déchargement des navires méthaniers. GDF avait fini par céder, et la grève aurait été moins longue, voire même n'aurait pas eu lieu, s'il l'avait fait tout de suite. Et de toute façon ce n'est pas cette grève, à Marseille, qui explique les problèmes du Havre ou de Dunkerque.

" On ne va pas laisser une minorité empêcher une majorité de travailler ", avait déclaré Sarkozy. Et Fillon vient donc d'annoncer un projet prévoyant la privatisation des ports autonomes. C'est ce que réclament depuis fort longtemps les entreprises privées de manutention portuaire.

Quant à savoir si cela va permettre aux ports de l'hexagone de se hisser au niveau de leurs concurrents, c'est une autre affaire. Car, si retard il y a, ce qui l'explique n'est pas le statut du personnel, c'est le manque d'investissements, depuis des décennies, de la part des patrons de ce secteur.

Depuis vingt ou trente ans le trafic des conteneurs s'est énormément développé, dans le monde entier. Pour cela il faut des installations, des portiques, des quais spéciaux, etc. Et puis ce n'est pas tout de décharger les conteneurs, il faut ensuite les évacuer. Or si Rotterdam évacue par voie fluviale le tiers de ses conteneurs déchargés et si Hambourg évacue le tiers des siens par train, en France où règne le " tout camion ", Le Havre par exemple expédie les neuf dixième des siens par la route, et très peu par la Seine. D'où un gros goulot d'étranglement.

Les infrastructures de transport manquent en France par rapport aux ports voisins, et ce n'est pas la faute des travailleurs, mais d'une bourgeoisie qui voudrait pouvoir faire les profits sans rien dépenser en investissements.

D'ailleurs Fillon a annoncé qu'il y aurait " un très ambitieux plan d' investissements " de façon à tripler le trafic des conteneurs d'ici à 2015. Dans le même mouvement l'État promet donc de privatiser et donc de mettre le personnel des ports à la botte du patronat, et de mettre la main à la poche pour aider celui-ci. La " réforme des ports autonomes " s'annonce sous le signe du soutien du profit privé avec l'argent public.

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