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Palestine : Bush cautionne l'apartheid israélien
Avec une désinvolture qui a dû choquer bon nombre de Palestiniens, Bush est arrivé à Ramallah, lors de sa visite en Palestine le 9 janvier, en déclarant tout sourire : " Vous serez heureux d'apprendre que mon cortège de pas moins de quarante-cinq voitures a pu passer sans avoir à s'arrêter. " Il voulait bien entendu parler des check-points israéliens où les Palestiniens doivent souvent attendre des heures, quand ils ne sont pas purement et simplement refoulés. Si Bush avait parlé de corde dans la maison d'un pendu, il n'aurait pas fait mieux.
En fait, son rapide passage dans la ville où siège l'Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas, a tout au plus servi à Bush d'alibi à une visite totalement consacrée à Israël, vis-à-vis duquel il a réitéré la reconnaissance de son " caractère juif ", une façon de considérer les 20 % de la population palestinienne ayant la nationalité israélienne comme quantité négligeable.
Il y a eu bien sûr quelques phrases sur la nécessité de démanteler les implantations illégales effectuées par des colons israéliens, ou bien encore sur " un traité de paix (qui) sera signé avant que je ne quitte mon poste ". Comment ? Quand ? Par quel miracle ? Bush est resté muet quand il s'est agi de concrétiser des demandes et une promesse maintes fois répétées et jamais réalisées. Non pas que Bush et l'administration américaine n'aient pas de moyens de pression sur le gouvernement israélien, mais ils n'en ont surtout pas la volonté. Et, de ce seul fait, ils ne font que cautionner la politique des gouvernants israéliens, quand ils ne la précèdent pas.
En fait, ce que Bush est venu confirmer en Israël et en Cisjordanie, c'est la politique de toujours vis-à-vis des Palestiniens. Avec des termes qui se veulent positifs pour l'avenir, Bush n'a fait qu'exprimer les volontés israéliennes. " Un accord, a-t-il dit, doit stipuler qu'il y aura une fin à l'occupation israélienne qui a commencé en 1967. (...) La question territoriale doit être décidée par les deux parties, mais je crois qu'un accord de paix nécessitera des ajustement agréés à la ligne d'armistice de 1949, pour tenir compte de réalités et assurer que l'État palestinien sera viable et continu. " En clair, les propositions de Bush visent à maintenir les blocs de colonies israéliennes en Cisjordanie, quitte en compensation à donner aux Palestiniens quelques terres désertiques, aujourd'hui habitées par des Arabes israéliens, ce qui permettrait de surcroît à Israël de se débarrasser d'une partie de sa population arabe, considérée par beaucoup d'Israéliens comme une " menace démographique " à la nature juive de l'État.
Rien dans les déclarations de Bush, et a fortiori dans celles des dirigeants israéliens, ne peut satisfaire les aspirations des Palestiniens à une vie nationale qui leur soit propre et à laquelle ils aspirent depuis plus d'un demi-siècle. Pour qu'il puisse en être ainsi, il faudrait une évacuation totale des colonies juives et le retour des 500 000 colons dans les frontières de 1967, en bref, la fin de l'occupation. Des occupations, devrait-on plutôt dire : celle qui se fait en Cisjordanie et qui morcelle le territoire en une multitude de cantons séparés les uns des autres, et de ce fait invivables, celle aussi qui se maintient aux frontières de Gaza, emprisonnant la population dans ce petit territoire exigu où vivent un million et demi de personnes, sans espoir de pouvoir vivre normalement et sous la menace permanente des armes israéliennes. On l'a encore vu dès mardi 15 janvier, soit une semaine après les discours de Bush, quand l'armée israélienne est intervenue à Gaza, faisant 17 tués et au moins 45 blessés. Le jour même, en Cisjordanie, ce sont des colons israéliens qui ont attaqué des fermiers palestiniens avec l'aide de l'armée : une maison a été brûlée et 3 000 arbres ont été arrachés.
La politique des Bush, Olmert et autres Pérès est aux antipodes des aspirations des Palestiniens. Elle ne peut leur amener que le maintien d'un apartheid que ceux-ci refusent avec courage et obstination.