Michelin - Cholet (Maine-et-Loire) : Cela baigne pour les actionnaires, pas pour les salariés18/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2059.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin - Cholet (Maine-et-Loire) : Cela baigne pour les actionnaires, pas pour les salariés

La direction de Michelin Cholet se plaint régulièrement qu'elle a du mal à embaucher et à fidéliser les jeunes. Selon elle, le nombre de chômeurs est faible sur le bassin d'emploi. Pour un patron qui a supprimé des dizaines de milliers d'emplois et fermé des usines, cela ne manque pas de sel

À Cholet, Michelin embauche un peu, pour compenser une partie seulement des départs. Pourtant, de nombreux jeunes viennent frapper à la porte de l'usine, mais bien souvent ils sont renvoyés vers les boîtes d'intérim. Une centaine d'intérimaires sont sur le site en permanence avec des contrats précaires, à la semaine. Un intérimaire peut avoir 52 contrats dans l'année, des contrats de remplacement par " glissement " de poste à un autre. À plusieurs reprises des pétitions ont circulé pour demander une embauche en CDI lorsqu'un jeune était estimé par ses camarades de travail et même par l'encadrement, mais l'embauche a été refusée. Les critères de sélection sont opaques.

Des jeunes sont embauchés malgré tout en CDI, soit directement, soit après avoir fait leur parcours du combattant, mais si Michelin a du mal à les " fidéliser ", il n'a à s'en prendre qu'à lui même.

Un jeune embauché a un salaire mensuel de 1 150 euros en travaillant au rendement, en faisant les 3x8. Il gagnera plus à condition de travailler 25 dimanches dans l'année sans les récupérer. La direction, qui prétend faire du social, offre trois possibilités : tout récupérer, en récupérer la moitié, ou ne rien récupérer du tout, ce qui augmente la paie. Mais cela veut dire passer sa vie à l'usine, samedis et dimanches compris. Il arrive donc régulièrement que des jeunes partent dès qu'ils ont trouvé mieux ailleurs, pas forcément en salaire, mais au moins pour avoir leurs week-ends.

Des salariés n'acceptent pas non plus les pressions permanentes : convocations au bureau pour un oui ou pour un non, coups de téléphone à domicile en cas d'arrêt maladie, impossibilité de prendre des congés à la date voulue. Les pressions sont encore plus importantes en cas d'accident de travail car il ne faut pas prendre d'arrêt. La direction fait même prendre chez eux les estropiés pour qu'ils viennent à l'usine.

Depuis plusieurs années, Michelin a mis en place un système d'intéressement. Le montant de la prime est fonction notamment du nombre d'accidents de travail dans l'année et des objectifs de production. C'est donc un moyen de chantage pour faire accepter aux salariés des heures supplémentaires, des samedis et des dimanches travaillés en plus, et aussi pour ne pas déclarer les accidents de travail.

Pour 2008, Michelin a décidé d'accorder une augmentation générale de 1,7 % au 1er juin ; 1,8 % si les syndicats signent l'accord salarial !

Alors, que des jeunes ne veuillent pas rester, cela se comprend ! Le meilleur moyen pour " fidéliser " serait d'augmenter les salaires, de réduire les cadences et de supprimer les week-ends travaillés. Les bénéfices Michelin se compteront encore en 2007 en centaines de millions d'euros. Ce qui est rentable pour le patron est infernal pour les travailleurs.

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