Le voyage de Sarkozy dans les Émirats Arabes Unis (EAU), le 15 janvier, a abouti à un accord sur l'installation d'une base militaire française permanente à Abou Dhabi.

C'est une première car, comme le dit le chef d'état-major de Sarkozy : " Tout ce que nous avons à l'heure actuelle, c'était l'héritage de notre histoire coloniale. " En effet, jusqu'à présent, l'armée française sévissait de façon permanente, essentiellement au Gabon, au Sénégal, en Côte-d'Ivoire, au Tchad et à Djibouti, où plusieurs milliers d'hommes défendent les intérêts de l'impérialisme français, mais pas encore dans cette région du Golfe.

À Abou Dhabi la nouvelle base, qui devrait être opérationnelle en 2009, comptera 400 à 500 hommes, des troupes terrestres, navales et aériennes. C'est bien sûr au nom de la défense de la paix et de la stabilité que l'accord a été conclu, comme le dit Sarkozy, qui a ajouté : " Dans cette région du monde, il y a beaucoup de choses qui se jouent. "

En effet 40 % du trafic pétrolier mondial passe par le détroit d'Ormuz. Un important gisement gazier sous-marin alimente les rivalités entre le Qatar, qui exploite ce gaz, et l'Iran dont les côtes sont toutes proches. Le souvenir des guerres du Golfe est là pour rappeler que la région est une poudrière permanente. La première des grandes puissances, les États-Unis, y a depuis longtemps des bases militaires, et un récent incident a d'ailleurs opposé navires américains et vedettes iraniennes.

L'Iran est devenu l'ennemi numéro 1 du gouvernement Bush, et il n'y a pas longtemps, Kouchner a évoqué tout simplement l'éventualité de faire la guerre à ce pays. Cet accord pour une base à Abou Dhabi peut donner l'occasion au gouvernement français de jouer son petit rôle dans la région, comme auxiliaire de la politique américaine.