Belgique : Vers de nouvelles attaques contre les travailleurs.27/12/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/12/une2056.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Vers de nouvelles attaques contre les travailleurs.

Après six mois de négociations et de tensions, les partis politiques belges se sont finalement mis d'accord sur un scénario impensable au lendemain des élections législatives fédérales de juin 2007. Les partis battus restent au gouvernement, sauf le Parti Socialiste flamand qui choisit de rester en dehors. Quant au libéral flamand Guy Verhofstadt, Premier ministre sortant, il est reconduit dans ses fonctions et ne passera la main que dans quelques mois au chrétien flamand Yves Leterme, grand vainqueur des élections.

Ces six mois de crise ont cependant montré la détermination des partis flamands à obtenir la poursuite de la régionalisation du pays. Une régionalisation entamée il y a une quarantaine d'années à la demande, à l'époque, des partis francophones, y compris du Parti Socialiste, pour tenter de faire face au déclin de la sidérurgie wallonne, alors que le patronat investissait massivement en Flandre.

Contrairement à ce que beaucoup de journalistes en mal de sensationnel écrivaient, la Belgique n'était pas restée " sans gouvernement ", pas plus qu'elle n'était " au bord de l'éclatement ". Les principaux partis de gouvernement ne souhaitent pas sa partition, pas plus que les principaux dirigeants économiques du pays, dont les affaires dépassent largement les frontières régionales et nationales. Quant à l'ancien gouvernement fédéral, il était resté en place pour traiter les affaires courantes.

Ces mois de bras de fer ont permis aux partis flamands d'imposer le principe de la réforme de l'imposition des sociétés. Ce ne devrait plus être l'État fédéral, mais les régions qui en auront la charge. Le gouvernement flamand disposera ainsi de ressources importantes qui pourraient lui permettre de diminuer unilatéralement les impôts des entreprises implantées en Flandre. Il pourra donner satisfaction à l'une des principales revendications du patronat flamand, du moins celui dont les affaires se limitent à la Flandre.

L'autre revendication du patronat flamand concerne la Sécurité sociale. Il demande que la gestion du chômage et des soins de santé soit régionalisée, ce qui lui permettrait de ne plus avoir à supporter des transferts financiers vers le sud du pays (la Wallonie) où le chômage et le nombre de malades sont plus élevés. Les patrons flamands comptent ainsi réduire leurs cotisations versées à la Sécurité sociale et augmenter d'autant leurs profits.

Si la scission de la Sécurité sociale est imposée, malgré l'impopularité de cette mesure et l'opposition des syndicats, les travailleurs francophones seront les premiers touchés. Mais on peut être certains que, de leur côté, les travailleurs flamands ne verront pas la couleur des économies réalisées par les patrons. Et les partis francophones auront alors beau jeu de dénoncer " les Flamands " alors que depuis plus de trente ans ils ont eux-mêmes imposé de nombreuses mesures de restrictions des allocations de chômage et de soins de santé.

Plusieurs représentants du patronat belge ont exprimé leur scepticisme vis-à-vis d'une telle politique. Ils disent craindre qu'une concurrence fiscale au sein même du pays entraîne des transferts difficiles à anticiper. Mais ce ne sont pas eux qui s'opposeront à des mesures qui vont malgré tout dans leur sens.

Seuls les travailleurs, qu'ils soient flamands ou wallons, pourront s'y opposer.

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