Dans la Manche, la première tempête de l'hiver, les samedi 9 et dimanche 10 décembre, s'est soldée par le décès d'un marin tombé à la mer, le remorquage de deux cargos en perdition et la perte habituelle de conteneurs et de cargaisons diverses par au moins quatre navires. Si certaines marchandises, dont des camions, ont immédiatement coulé à pic, 34 conteneurs et 187 ballots de bois ont été repérés flottant à la dérive et contraignant les bateaux de pêche à un dangereux slalom et à une veille épuisante. Le 7 novembre un porte-conteneurs avait déjà perdu une partie de sa cargaison dans un coup de vent.

Cette série d'accidents en laisse présager de plus graves encore. Ainsi, lors d'une rencontre internationale sur la sécurité en mer, le préfet maritime de l'Atlantique est revenu sur les deux naufrages de porte-conteneurs survenus en octobre 2006 et janvier 2007. Il a également rappelé que, par une nuit de tempête, 150 conteneurs, venus de cinq navires, avaient été retrouvés flottant dans le golfe de Gascogne.

Pour lui, et il doit savoir de quoi il parle, l'accroissement du nombre de porte-conteneurs entrant dans la Manche (10 000 navires par an, transportant 30 millions de boîtes), de leur taille (la prochaine génération mesurera 400 mètres et embarquera 16 000 conteneurs) et de leur vitesse (plus de 40 km/heure) posera inévitablement de graves problèmes.

Le préfet a souligné que l'arrimage des conteneurs est souvent défectueux et leur contenu souvent inconnu. Donc non seulement de telles boîtes vont continuer à tomber à la mer, menaçant les autres bâtiments, mais les sauveteurs devront les récupérer sans même savoir ce qu'elles contiennent, ni les risques encourus.

Pire encore, en cas d'avarie survenant sur un porte-conteneurs géant, il n'est pas certain que les remorqueurs de haute mer de la Manche soient assez puissants pour entraîner, dans toutes les conditions, ces énormes bâtiments. Il n'est même pas obligatoire que les porte-conteneurs soient équipés d'un dispositif de remorquage. De plus, en cas d'échouage, il n'y aurait pas dans la zone de grue flottante assez grande pour décharger ces navires.

Le préfet maritime de L'Atlantique, amiral de son métier, est la plus haute autorité de l'État dans la zone considérée... mais il n'en a aucune auprès des armateurs. Le droit de faire des profits prime sur la sécurité publique, en mer comme ailleurs..