RATP : Ils discutent... et la réforme passe13/12/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/12/une2054.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RATP : Ils discutent... et la réforme passe

À la RATP, les négociations tripartites ont lieu depuis le 21 novembre. La quatrième séance s'est déroulée le mardi 11 décembre et une dernière séance, dite conclusive, devrait avoir lieu le 17 ou le 18 décembre.

Devant le contenu et les résultats de ces discussions, l'Union CGT avait appelé à une journée de grève le 12 décembre, tandis que les autres syndicats se refusaient à toute action. Un appel fait dans la confusion, puisque le dirigeant de l'Union CGT RATP, qui chapeaute entre autres le syndicat du métro et celui des bus, envisageait, en même temps qu'il déposait le préavis de grève, de le retirer si de la dernière réunion de négociation sortaient des mesures pouvant être qualifiées de positives. De fait, le mardi 11, ce dirigeant appelait à d'autres formes d'actions pour le 12, tandis que de leur côté la CGT du métro maintenait l'appel à la grève et que la CGT des bus appelait à un rassemblement au siège de la RATP à l'occasion d'une réunion du comité d'entreprise.

De toute façon, dans une telle cacophonie, la journée du 12 ne pouvait avoir strictement aucun impact, même si elle a été l'occasion de discussions entre travailleurs sur les moyens de réaffirmer leurs revendications, de montrer qu'ils n'étaient pas démobilisés par les tergiversations et la capitulation des directions syndicales en train de brader leurs retraites.

Car c'est bien d'un bradage qu'il s'agit. Dans les discussions en cours, le principe des quarante annuités (à partir du 1er décembre 2012) et de l'indexation des retraites sur les prix (et non plus sur les salaires) a été entériné. Quant aux multiples petites mesures, elles sont très complexes et très insatisfaisantes. Il est difficile, par exemple, de calculer aujourd'hui les effets des mesures de compensation annoncées. Deux nouveaux échelons seraient créés, l'un obtenu au bout de vingt-six années d'ancienneté (mais les syndicats discutent encore pour qu'il soit accordé au bout de vingt-cinq années), l'autre obtenu au bout de vingt-huit années. L'attribution des points de retraite supplémentaires, correspondant à ces deux échelons supplémentaires, conduirait à une augmentation de 3,75 % du montant de la retraite.

Plus grave, il y a le fait qu'à partir de 2009 les nouveaux embauchés ne bénéficieront plus de la bonification des retraites : une année pour cinq années travaillées - qui permettait jusqu'à présent à un salarié qui avait vingt-cinq ans d'ancienneté d'avoir sa retraite calculée sur trente années.

D'autres mesures portent sur le rachat par les salariés des années d'études (cela concerne surtout les cadres), les travailleurs handicapés, ou en cessation progressive d'activité, ou encore ceux entrés tardivement à la RATP (les années travaillées avant l'entrée à la RATP devraient être prises en compte pour réduire un peu la décote), etc.

Toutes ces mesures ne coûteront pas cher à la RATP car elles ne s'appliquent qu'à une minorité de travailleurs en fin de carrière. Les salariés actuels ne devraient pas avoir de perte sur leur retraite... mais ils devront travailler deux ans et demi de plus à la RATP. Pour ceux qui seront embauchés après 2009, avec le passage à quarante annuités de cotisation retraite, voire bientôt quarante et un ou quarante-deux, et avec la perte de la bonification, la facture sera lourde. Ils devraient travailler quelque sept ans et demi de plus pour partir dans les mêmes conditions de retraite qu'aujourd'hui.

Enfin, le retrait des jours de grève se fera en deux fois : cinq jours en décembre, le reste en janvier. Et comme la direction se sent aujourd'hui les coudées franches, elle menace de représailles des grévistes accusés d'avoir coupé le courant pendant la grève pour empêcher le départ de trains : certains ont reçu des " demandes d'explication " et deux grévistes de la ligne 6 ont même été retenus en garde à vue quelques heures !

Autant dire que bien des travailleurs ont des raisons d'être amers vis-à-vis des directions syndicales. Mais là où la grève était restée forte, le sentiment de n'avoir pas été au bout de ce qui était possible est important, autant que la volonté de préparer une suite à ce mouvement.

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