Quand EADS et Airbus veulent délocaliser : Fillon et Lagardère, les deux compères13/12/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/12/une2054.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Quand EADS et Airbus veulent délocaliser : Fillon et Lagardère, les deux compères

Après les déclarations du PDG d'Airbus, Louis Gallois, sur la prétendue " obligation " de délocaliser certaines productions du fait du manque à gagner que représente un euro " fort " par rapport au dollar, c'est maintenant au tour d'Arnaud Lagardère, un des principaux actionnaires d'EADS, la maison-mère d'Airbus, de broder sur le même thème. Le dimanche 9 décembre il a affirmé : " Il y aura bien délocalisation hors de la zone euro d'une partie de la fabrication des Airbus... c'est une décision ferme ", ajoutant que l'euro fort représente un " danger mortel ". Et sa passion pour la compétition sportive lui a même soufflé une comparaison athlétique : " Quand Boeing fait un 100 mètres, Airbus fait un 110 mètres haies "...

En tout cas, un tel handicap n'empêche pas Airbus et ses actionnaires d'être au coude à coude avec Boeing pour la place de numéro 1, avec des carnets de commandes pleins pour plusieurs années, chaque salon aéronautique étant l'occasion d'annoncer des ventes pour des milliards d'euros ou de dollars. Alors Airbus ne court bien sûr aucun " danger mortel ".

Les déclarations de Gallois et Lagardère ont amené le Premier ministre à réagir dans Les Echos du lundi 9 décembre : " L'État actionnaire fera tout pour dissuader EADS de délocaliser sa production ", précisant : " La France et l'Allemagne ont lourdement investi dans Airbus, ce n'est pas pour le voir partir par morceaux vers la zone dollar ". Et Fillon de proposer " d'amplifier les efforts de productivité, mieux aider les sous-traitants et accentuer la pression politique ".

Cela a au moins le mérite de la clarté, c'est sur les travailleurs que Fillon entend faire pression, productivité oblige. Déjà les retards de l'A380 avaient permis de lancer le plan Power 8 de réduction massive d'effectifs (10 000 salariés dans le groupe et chez les sous-traitants). Aujourd'hui, avec les menaces de délocalisation de Gallois et Lagardère, Fillon exigera encore plus de sacrifices des travailleurs d'Airbus.

Entre Fillon et Lagardère, il n'y a même pas l'ombre d'une divergence, ce que Lagardère a très bien exprimé en expliquant que " l'État ne peut aller contre les intérêts à moyen et long terme d'EADS ". On peut ajouter " ni à court terme " d'ailleurs, l'État bourgeois étant directement et uniquement au service des intérêts de tous les grands groupes capitalistes.

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