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Leur société
Prévisions de croissance... Pour les revenus de certains !
Lundi 10 décembre, dans une interview aux Echos, le Premier ministre François Fillon a revu une nouvelle fois à la baisse ses objectifs de croissance pour cette année, l'évaluant à 1,9 %. Il y a deux mois il parlait encore de 2,25 %, et au printemps le candidat Sarkozy affirmait asseoir son programme économique sur une croissance de 3 %. La façon dont les statistiques gouvernementales évaluent la croissance et surtout la façon dont elles la définissent font que leurs chiffres n'ont qu'une valeur relative. Mais le fait qu'ils doivent être revus à la baisse est tout de même révélateur.
Sarkozy annonçait ainsi que son gouvernement porterait la croissance à 3 % en 2007, au lieu de 2,2 % en 2006. Cette promesse lui servait à justifier son programme économique consistant, pour commencer, à faire des cadeaux aux plus riches. D'après lui, ceux-ci utiliseraient alors cet argent frais pour faire repartir l'activité économique. Toujours selon Sarkozy, cette augmentation de la croissance serait créatrice de travail, sous forme d'heures supplémentaires et d'emplois, ce qui induirait une hausse du pouvoir d'achat des salariés et une diminution spectaculaire du chômage. La croissance appelant la croissance, l'État pourrait même en profiter pour diminuer son déficit. Un vrai conte de fées !
La première partie du programme a été remplie : les plus riches ont bénéficié dès le mois de juillet d'une réduction d'impôts de quinze milliards. Et ce n'était que le premier wagon d'un train de cadeaux aux grandes fortunes. Mais évidemment la croissance n'est pas repartie pour autant. Entre-temps le pouvoir d'achat des travailleurs, loin d'augmenter, est rongé par la hausse des prix. Le chômage ne diminue que dans les statistiques. Quant au déficit de l'État, il se creuse, et là encore c'est aux travailleurs qu'on présente la note, ne serait-ce que sous la forme de la réduction des budgets des services publics.
Sarkozy et ses semblables savent très bien que les patrons, grands et petits, font ce qu'ils veulent de leur argent, y compris des cadeaux que l'État leur fait. Ils n'ont aucune raison de se servir de leur fortune pour augmenter les salaires, embaucher et investir dans la production, lorsque faire autrement leur rapporte plus et plus vite. La seule croissance qui importe aux bourgeois est celle de leur fortune, même s'il faut pour l'obtenir appauvrir le reste de la société.
Sarkozy a eu beau déclarer qu'il irait " chercher la croissance avec les dents ", ses simagrées ne changent pas la réalité économique. Pour les travailleurs, croissance ou pas croissance, la seule façon d'améliorer leur sort serait de contraindre le patronat à payer des salaires décents, à embaucher, et de contrôler la façon dont il utilise ses capitaux.
Et pour cela, c'est les travailleurs qui devront " montrer les dents ".