Kadhafi à Paris : Le cynisme des uns, l'hypocrisie des autres13/12/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/12/une2054.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Kadhafi à Paris : Le cynisme des uns, l'hypocrisie des autres

La visite officielle en France de Kadhafi a suscité une volée de commentaires indignés, venant non seulement du Parti Socialiste, mais aussi d'une partie de la droite. Il serait paraît-il inconvenant qu'un dictateur soit reçu dans ce temple de la démocratie qu'est le Parlement français ou pénètre à l'Élysée, habité, c'est bien connu, par de blanches colombes.

Que Kadhafi soit un dictateur est un fait indubitable. Mais au nom de quelle démocratie parlent donc ceux qui l'accueillent en le présentant comme un homme cheminant vers le respect des droits de l'homme... et un très respectacle client potentiel, comme ceux qui s'indignent si fort de sa visite ? Les droits de l'homme dont ils se gargarisent se résument en fait aux droits des capitalistes d'ici. Ces droits démocratiques, destinés à voiler la dictature du grand capital, n'ont jamais eu cours sur le continent africain. Ni lorsque la France y régnait directement dans ses colonies, ni depuis qu'elle les a quittées, laissant derrière elle des dictateurs à ses ordres.

Ce ne sont pas des histoires du passé, dont on pourrait partager les torts et qu'on pourrait même regretter, comme Sarkozy l'a fait à Alger la semaine passée en affirmant, cent cinquante ans après les faits, que " la colonisation était contradictoire avec la devise de la République ". C'est l'histoire d'aujourd'hui. Des massacres perpétrés au Rwanda avec la complicité de l'armée française, jusqu'au quarantième anniversaire de la dictature de Bongo, l'homme de Total au Gabon, du soutien apporté au roi du Maroc à celui offert à Kadhafi, l'impérialisme français maintient son influence en Afrique au travers de dictatures sanglantes. Car il n'y a pas d'autre moyen que la dictature pour faire régner l'ordre dans des pays pillés par les compagnies françaises, alors que la population meurt de faim.

C'est cette richesse venue de l'exploitation de continents entiers qui fait qu'en France, comme dans une poignée d'autres pays d'Occident, subsistent un certain nombre de libertés démocratiques, que des générations de travailleurs ont dû dans le passé imposer par la lutte. Alors que l'inégalité sociale est la règle, le respect des formes plus ou moins démocratiques est un luxe de pays riche. Les politiciens et les moralistes ne peuvent en faire profession que parce que leur système entretient des dictatures féroces, que leurs Kadhafi et consorts se salissent les mains afin que le flot de richesses continue de couler vers les capitalistes français, dont ils sont les serviteurs.

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