États-Unis : La "plus grande démocratie du monde" et la torture13/12/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/12/une2054.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : La "plus grande démocratie du monde" et la torture

La CIA, l'agence de renseignement américaine, a détruit en 2005 deux enregistrements vidéo d'interrogatoires musclés effectués en 2002 sur des membres d'Al-Qaida. L'explication donnée a posteriori, c'est qu'il fallait protéger de représailles possibles d'Al-Qaida les agents de la CIA que l'on voyait interroger les prisonniers !

Bush a beau répéter que " l'Amérique ne torture pas ", " cela va entraîner un scepticisme dans le monde entier sur la manière dont nous traitons les prisonniers et sur le fait de savoir si nous pratiquons la torture ou pas ", a déclaré John McCain, l'un des candidats à l'investiture républicaine. C'est bien le moins qu'on puisse dire ! Car si cette affaire met à nouveau en lumière les méthodes musclées utilisées par l'appareil d'État américain, elles sont en fait connues depuis longtemps, y compris de ceux qui jouent les naïfs et font mine de s'indigner aujourd'hui.

En effet les attentats du 11 septembre ont fourni au gouvernement américain un climat propice à imposer dès la fin 2001 toute une série d'atteintes aux libertés individuelles, qui ont été consacrées dans la loi dite " patriote ", votée par les Démocrates comme par les Républicains. Non seulement le renforcement du règne de l'arbitraire et la carte blanche donnée aux services secrets ne pouvaient qu'encourager dans l'ombre la pratique de la torture, mais le Washington Post a rappelé qu'en 2002 et 2003 la CIA avait organisé trente réunions avec des élus démocrates et républicains pour expliquer les méthodes musclées utilisées contre " les ennemis combattants ". Ni l'actuelle présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, ni les autres élus n'avaient trouvé à y redire, à une seule exception près.

Les méthodes musclées en question, ainsi officialisées par le silence des élus, consistent à priver de sommeil les prisonniers, à les soumettre à des simulacres de noyade, à les laisser longtemps dans des positions pénibles, à les humilier, à les soumettre à des températures extrêmes... Un ancien officier de la CIA vient de confirmer tout cela à la télévision américaine et le directeur du renseignement avoue : " Ce n'est pas de la torture mais c'est efficace. " Si certains prisonniers " craquent " paraît-il " en 35 secondes ", bien des renseignements obtenus ainsi se sont révélés évidemment complètement faux.

Certes le gouvernement n'a pas réussi à obtenir du Congrès une légalisation en bonne et due forme de ces méthodes, mais cela ne l'a pas empêché de les encourager officieusement. En juillet dernier, sans doute pour se couvrir, le gouvernement a pris un décret interdisant à la CIA de torturer les suspects de terrorisme, " les traitements et punitions cruels, inhumains et dégradants "... mais autorisant les détentions secrètes. Autant dire qu'il s'agit d'une autorisation de fait donnée à la CIA.

Tout cela n'est surprenant que pour ceux qui croient que les dirigeants des pays dits démocratiques et en particulier ceux de la " plus grande démocratie du monde " sont plus respectueux des libertés individuelles et de la dignité humaine que de vulgaires dictateurs. Ce n'est manifestement pas le cas.

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