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- Lutte ouvrière n°2050
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La grève, c'est reparti ! À la SNCF.
Depuis mardi 13 novembre à 20 h les cheminots sont à nouveau en grève à l'appel de tous les syndicats sauf de la FGAAC, contre la remise en cause de leur retraite. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la grève redémarre fort avec pas moins de détermination que le 18 octobre. Et pourtant, le gouvernement et la direction n'ont pas cessé de vouloir impressionner les cheminots, soit en affichant leur fermeté, soit en cédant quelque peu sur certains points de la réforme. Rien n'y a fait. L'offensive gouvernementale contre le régime des retraites est tellement inique, tellement inacceptable que les cheminots sont restés fermes sur leur volonté de la refuser.
Seulement, dans leur opposition à la politique du gouvernement, les cheminots n'ont pas rencontré la fermeté qu'ils auraient pu attendre de la part des organisations syndicales. Ne parlons pas de la FGAAC, qui très tôt a tourné le dos à la grève en acceptant que les agents de conduite n'aient à travailler " que " cinq ans de plus pour ne pas être soumis aux décotes sur les années manquantes. Même si cette durée a été ramenée par la suite à deux ans et demi de travail supplémentaire, cela n'était toujours pas satisfaisant et rien d'étonnant que de nombreux conducteurs soient à nouveau en grève.
Si les autres syndicats n'ont pas tourné aussi franchement le dos à la grève, leur attitude a laissé tout de même un goût amer à bon nombre de cheminots. Leurs atermoiements, leurs tergiversations n'ont pas aidé à la mobilisation. Avant le 18 octobre la CGT expliquait, non sans raison, qu'en l'absence d'une mobilisation interprofessionnelle public-privé, il ne serait pas possible de faire reculer le gouvernement. Du coup, pour le 18 octobre, les cheminots devaient se limiter à une journée de 24 heures. Dans bien des secteurs et pas les moindres, la grève a néanmoins continué le 19, le 20 et parfois jusqu'au 22 octobre. Ainsi les cheminots affirmaient qu'ils étaient prêts à une grève plus longue, et avertissaient le gouvernement, tout comme les directions syndicales, qu'ils n'entendaient pas céder. Sans cette démonstration on n'en serait certainement pas là aujourd'hui. Bien des cheminots en ont conscience, eux qui n'ont pas oublié qu'il leur a fallu attendre jusqu'au 31 octobre, soit quasiment deux semaines, pour qu'une suite soit donnée et un appel à la grève reconductible lancé.
Quant à la nécessaire mobilisation interprofessionnelle, où est-elle aujourd'hui ? La prochaine échéance pour une éventuelle extension de la grève au-delà de la RATP et de l'EDF-GDF a été programmée au 20 novembre pour la Fonction publique. C'est loin, bien loin, et oblige les cheminots à tenir une semaine pour qu'une première jonction puisse s'établir.
Quelques jours avant la grève, la direction de la SNCF a adressé une lettre à tous les cheminots leur disant qu'elle avait 14 propositions concrètes et précises. Cette lettre signée par la présidente Anne-Marie Idrac a fait beaucoup parler, mais sans convaincre vraiment, pas plus d'ailleurs que les vidéo-conférences organisées sur les chantiers ou dans les ateliers d'entretien du matériel. Certes, des cheminots se laissaient parfois convaincre par tout cet attirail de propagande, mais rapidement, après discussions avec leurs camarades de travail, ils retombaient les pieds sur terre.
Malgré un contexte qui semble aujourd'hui plus difficile que celui qui prévalait à la veille du 18 octobre, les cheminots ont bien conscience que seule leur lutte, avec celle des agents de la RATP et de l'EDF-GDF peut encore faire reculer le gouvernement et, pourquoi pas, donner confiance à d'autres catégories professionnelles qui pourraient choisir de les rejoindre.
C'est pourquoi, toutes les manoeuvres du gouvernement, de la direction de la SNCF, mais aussi les tergiversations des syndicats, peuvent être balayées par la grève, si elle s'installe et si elle s'approfondit. Cela, il n'y a que les grévistes qui peuvent l'imposer.