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Dans le monde
Italie : Le décret scélérat du gouvernement Prodi.
Au lendemain même de l'agression mortelle d'une Italienne par un immigré roumain d'origine tsigane, le gouvernement de centre-gauche de Romano Prodi a cru bon d'adopter, le 31 octobre, un décret autorisant les préfets à expulser sans procès ni recours possible des citoyens de l'Union européenne, majeurs et résidant depuis moins de dix ans en Italie, qui " contreviennent à la dignité humaine, aux droits fondamentaux de la personne ou à la sécurité publique ".
Le décret a été aussitôt mis en application par le préfet de Milan, qui a entamé une procédure contre quatre Roumains et annoncé l'éloignement de centaines d'autres personnes. Le maire de Rome, Walter Veltroni, dirigeant du récent et " centriste " Parti Démocrate, a de son côté annoncé la couleur en stigmatisant le " péril roumain ", tandis que la police se livrait à des contrôles dans les campements roms de la capitale, ainsi qu'à Florence, Milan et d'autres villes du nord du pays. Si le ministre de l'Intérieur, Giuliano Amato, se défendait de faire une " chasse aux Roumains ", mais... seulement " aux délinquants roumains ", le préfet de Rome, sans scrupule, expliquait que " face à des bêtes, on ne peut répondre qu'avec la plus grande sévérité ".
Sur le chapitre de la déclaration xénophobe, on pouvait s'attendre à une surenchère de la droite, du leader de l'Alliance Nationale, Gianfranco Fini, au quotidien pro-Berlusconi Il Giornale qui feignait de constater que " Maintenant, l'Italie est aux mains des étrangers ".
Dans ce climat, il n'y a rien d'étonnant à ce que quatre Roumains aient été agressés et grièvement blessés, tandis que les procédures d'expulsion visant principalement des citoyens roumains se multipliaient.
Les suites de l'attitude du gouvernement et ce décret scélérat, pris par des ministres qui s'affichent au centre-gauche, ont seulement un peu gêné les plus à gauche de ses membres. Cela n'a pas arrêté le gouvernement, prêt semble-t-il à céder à toutes les pressions venant de sa droite et que ne dérange pas, en revanche, la situation d'extrême dénuement que subissent les Roms campant dans les bidonvilles des banlieues italiennes.
Ce n'est de toute façon pas le gouvernement français qui, sur ce plan, viendrait à le critiquer, lui qui pratique tout aussi allègrement la traque des sans-papiers, mais aussi la chasse aux Roms, comme récemment en Seine-et-Marne.