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- Lutte ouvrière n°2050
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Leur société
Des réformes Balladur aux réformes Fillon : Des retraites amputées.
L'aspect le plus connu de la réforme Balladur de 1993 sur les retraites était l'allongement de la durée de cotisation de 37,5 ans à 40 ans. Mais ce n'était ni le seul ni le principal dispositif ayant programmé leur amputation.
En plus de l'allongement de la durée de cotisation, la réforme de 1993 avait indexé sur les prix (et non plus sur les salaires) à la fois les anciens salaires pris en référence pour le calcul des retraites et le montant des futures retraites elles-mêmes. De plus, elle avait pris en compte non plus les dix mais les vingt-cinq meilleures années pour le calcul du niveau des retraites. Dès 2001, le Conseil d'orientation des retraites expliquait qu'à elles seules ces deux dernières mesures représenteraient 90 % des économies faites sur le dos des retraités du régime général à l'horizon 2010.
Le mensuel Alternatives Économiques cite plusieurs chiffres montrant l'amputation croissante que vont subir les futurs retraités.
Selon ses calculs, la mise en place des réformes Balladur et Fillon conduira par exemple les salariés nés entre 1965 et 1970 à une réduction de leur retraite de base d'un tiers par rapport à celle qu'ils auraient touchée sans ces réformes, et ceci même pour des travailleurs ayant cotisé le nombre d'années nécessaire pour toucher une retraite à taux plein.
Il faut ajouter à cette perte la dégradation des retraites complémentaires. Gérées par ce qu'il est convenu d'appeler les partenaires sociaux, elles ont elles aussi subi ces dernières années des révisions à la baisse.
Au final, d'après les projections, le taux de remplacement net (le montant de la retraite par rapport au dernier salaire net) ne va cesser de chuter. Il s'élevait en moyenne à 86 % avant les réformes des années 1990 pour un salarié non cadre né en 1934. Il est passé à 76 % pour un salarié né en 1948. Pour un salarié né dans les années 1960, il passera à 66 % après 2020, même en ayant cotisé la durée exigée pour toucher une retraite à taux plein. Et ce taux continuera de baisser... à moins que les travailleurs n'imposent d'ici là d'autres règles et que l'on prenne sur les profits pour payer à tous une retraite décente.