SNCF : Après le succès du 18, les travailleurs réfléchissent à la suite.25/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2047.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : Après le succès du 18, les travailleurs réfléchissent à la suite.

Le 18 octobre, de multiples assemblées de grévistes se sont réunies partout dans le pays, pour discuter de comment contrer l'attaque contre les régimes spéciaux de retraite. Bien souvent ces assemblées étaient appelées par des militants de SUD-Rail ou de FO, mais parfois par des militants de la CGT en opposition avec la politique de leur fédération. Beaucoup pensaient que cette puissante journée, tant parmi le personnel d'exécution qu'au sein de la maîtrise et l'encadrement, ne pouvait pas rester sans lendemain.

Ces assemblées sur un même secteur ont souvent regroupé des cheminots de différents services, tels que des contrôleurs, des conducteurs, des vendeurs dans les gares, etc. Mais il y eut aussi des assemblées de grévistes dans les ateliers, les triages, les dépôts. Nombre d'entre elles ont décidé de reconduire la grève, en attente de ce que faisaient d'autres secteurs, à la SNCF mais aussi à la RATP. Des militants et des adhérents de la CGT s'y sont quelquefois exprimés, pour faire part de leur incompréhension devant la politique de leur direction qui privilégie la négociation et non la création d'un rapport de force indispensable pour faire reculer le gouvernement. Pour eux, l'attaque du gouvernement n'est pas négociable et, face à la fermeté affichée par Sarkozy et ses ministres, on ne peut répondre que par autant de fermeté.

Lorsque le 19 octobre la fédération FGAAC (syndicat catégoriel des agents de conduite) a fait savoir qu'elle retirait son préavis reconductible, suite à un accord obtenu avec la direction de la SNCF soutenue par le gouvernement, bien des militants et adhérents de ce syndicat ont non seulement exprimé leur réprobation, mais sont restés en grève. En effet cet accord prévoit que les conducteurs devront travailler cinq ans de plus et partir en retraite à 55 ans au lieu de 50 ans.

Le 19 octobre, bien des assemblées ont donc reconduit la grève, y compris jusqu'au 22, date de la rencontre interfédérale. Certes le nombre de grévistes baissait de jour en jour, mais le moral était là. Certains disant : " On s'est préparé à faire trois semaines ou un mois de grève, on peut donc tenir deux, trois ou quatre jours ". Et là où les militants de la CGT n'avaient appelé qu'à 24 heures le 18, des adhérents de ce syndicat restaient en grève, disant qu'ils ne casseraient pas celle-ci, même s'ils n'étaient pas d'accord sur tout avec leurs camarades qui continuaient.

Dans le même temps la presse rabâchait que la circulation serait normale le 19 après-midi, puis le 20 en soirée, puis le 22, puis... ! En fait les cheminots voulaient faire savoir au gouvernement ainsi qu'aux directions syndicales qu'ils étaient prêts à continuer.

Le lundi 22 octobre au soir, beaucoup de cheminots encore en grève ou ayant repris le travail attendaient qu'un appel précis à une grève illimitée soit proposé par les fédérations syndicales. Et lorsqu'ils ont pris connaissance de l'absence de proposition, lorsqu'ils ont su qu'il fallait attendre le 31 octobre pour que les fédérations se rencontrent à nouveau et appellent peut-être à une éventuelle journée pour la mi-novembre (au cas où les négociations du 24 octobre avec le ministre du Travail n'aboutiraient pas), il n'y a pas eu d'abattement ni de démoralisation. Beaucoup se sont alors demandé comment faire pour repartir, tout en attendant ce qui va être proposé.

Aujourd'hui, chez les militants de la CGT il y a un certain malaise, car depuis plusieurs semaines ils attendent un plan de mobilisation précis. Ils ne comprennent pas pourquoi les travailleurs de la fonction publique seraient appelés le 20 novembre et eux le seraient peut-être le 15. Et le fait que le secrétaire de la CGT cheminots ait annoncé que la réforme des retraites n'était pas négociable, tout en réclamant aussitôt de négocier le système des décotes, leur semble paradoxal, puisqu'il s'agit là d'un tout.

Suite à cette interfédérale du 22 octobre, des militants de la CGT de plusieurs secteurs disent vouloir écrire à leur fédération pour réclamer des dates précises afin d'entrer de nouveau en grève, en précisant que la réforme des retraites n'est pas négociable. Certains secteurs CGT menacent même de se regrouper et de déposer des préavis reconductibles. Le secteur de Toulouse par exemple a écrit à la fédération que, si rien de sérieux n'était proposé rapidement, il appellerait à la grève illimitée dès le 6 novembre.

Partout les discutions continuent. Partout le moral est bon.

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