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- Lutte ouvrière n°2047
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Dans les entreprises
Renault Technocentre - Guyancourt (Yvelines) : Une enquête sur les conditions de travail qui ne changera pas grand-chose !
Sur les 11 500 salariés qui travaillent au Technocentre Renault de Guyancourt (dont 2 400 dans des sociétés de sous-traitance), la moitié se compose d'ingénieurs et cadres. On y conçoit et développe les futurs projets de véhicules. Dans le contexte du contrat 2009 du P-DG Ghosn, Renault projette de sortir 26 nouveaux véhicules d'ici deux ans et les délais ont été considérablement réduits : il fallait 3 ans et demi en 1993 pour développer la Laguna 2 ; il a fallu deux ans pour la nouvelle Laguna 3.
Suite aux suicides survenus fin 2006 et début 2007, à la demande d'un CHS-CT du Technocentre (Comité d'hygiène et sécurité - conditions de travail), un cabinet indépendant a mené une enquête sur les conditions de travail. 64 % des travailleurs de Renault et des sociétés de sous-traitance ont répondu. Ce que l'on savait déjà se confirme : plus des 2/3 des salariés travaillent plus de 9 heures par jour. 18 % se disent stressés et sûrement davantage le sont, compte tenu que tous les employés n'ont pas répondu à l'enquête. De nombreux ingénieurs, cadres et techniciens restent tard au Technocentre et emmènent en plus du travail chez eux.
Face à ce constat, la direction de Renault a annoncé des mesures afin de " maîtriser le temps de travail ". Des affichettes ont été collées sur les portillons pour indiquer que les heures " d' ouverture " du site sont de 7 heures à 20 h 30, au lieu de 5 h 30 à 22 h 30. Mais en réalité, on peut toujours entrer dans le Technocentre avant 7 heures et en sortir bien après 20 h 30. De même, les réunions ne devraient pas être organisées après 18 heures ; du coup, certains chefs les programment de 12 heures à 14 heures avec plateau-repas obligatoire pour tous les participants. La direction a laissé entendre qu'elle paierait certaines heures supplémentaires mais lorsque des salariés demandent à se les faire payer certains chefs répondent : " Mais, moi, je ne vous ai rien demandé ". D'autres répondent qu'" il y a moyen de s'arranger pour les récupérer ou les payer en heures de roulage " (c'est-à-dire les heures de déplacement en voiture qui sont parfois indemnisées), quant aux rapports entre chefs et employés, il y a peu de chance que cela s'améliore. Car pour tous les responsables, l'objectif, le seul objectif, l'objectif suprême c'est toujours : tenir les objectifs !
À propos des effectifs, la direction a annoncé qu'il y aurait 110 embauches ; mais elles ne concernent pas uniquement le Technocentre et touchent aussi Rueil et Lardy. Quant aux " 240 ressources supplémentaires " , il ne s'agit pas d'embauches mais de mutations. Et pour les intérimaires, c'est toujours la précarité.
L'enquête conclut que " les mesures du plan de soutien aux équipes sont significatives et bien orientées ", ce dont la direction se félicite. Mais le sentiment général, c'est que Renault communique beaucoup, multiplie les effets d'annonce et qu'en réalité, rien ne change.