Les grèves de 1995 et de 2003 : Rendre victorieux un mouvement... ou le faire capoter.25/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2047.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les grèves de 1995 et de 2003 : Rendre victorieux un mouvement... ou le faire capoter.

1995 : la riposte au plan Juppé.

En novembre 1995, le Premier ministre Alain Juppé présentait son plan de réforme de la Sécurité sociale, comportant entre autres une mise à mal des régimes spéciaux de retraite et de ceux de la fonction publique, avec l'allongement de la durée de cotisation de 37,5 ans à 40 ans pour une retraite à taux plein.

Aussitôt, sept fédérations de fonctionnaires, de cheminots et d'agents de la RATP appelèrent à une grève générale, le 24 novembre.

La CGT, sans craindre d'être débordée, favorisa les assemblées inter-secteurs, inter-entreprises, mélangeant cheminots, agents de la RATP, enseignants, postiers, poussant les secteurs les plus combatifs à rendre visite à ceux qui l'étaient moins. " Tous ensemble ! " était le slogan du mouvement.

Le 28, lors de la nouvelle journée, la grève était totale à la SNCF et la RATP. Elle s'étendait ou se maintenait les jours suivants à La Poste, à EDF-GDF, à France Télécom et chez les enseignants. Alors que Juppé continuait à se dire " droit dans ses bottes ", les syndicats appelèrent pour le 5 décembre à une " puissante journée d'action nationale dans les secteurs privé et public ". La veille, les principaux syndicats de cheminots boycottèrent les travaux de la commission chargée de discuter de la réforme des régimes spéciaux. Le 5 décembre, entre 700 000 et un million de travailleurs défilèrent dans tout le pays. La plupart étaient des salariés du public, mais dans les manifestations nombreux aussi étaient les travailleurs du privé.

Les journées d'action, parce qu'elles étaient suffisamment rapprochées et annoncées à l'avance, loin d'être des journées sans lendemain, étaient au contraire perçues comme des points d'appui réels permettant aux secteurs déjà en grève d'y rester et aux autres de s'y rallier. Le 11 décembre, Juppé annonça ne plus toucher à l'âge de départ en retraite des employés de la SNCF et de la RATP, avant de retirer sa réforme des retraites pour l'ensemble de la fonction publique.

En trois semaines, les travailleurs étaient parvenus à faire reculer le gouvernement.

2003 : les syndicats désorganisent la grève.

Le gouvernement attendit 2003 avant de revenir à la charge. Mais cette fois il obtint satisfaction, non pas parce que les travailleurs furent moins combatifs qu'en 1995, mais parce que les fédération syndicales, et en premier lieu la CGT, eurent une politique contraire aux intérêts du mouvement.

À EDF-GDF, la grève et la manifestation du 3 octobre 2002 contre la réforme de leur régime de retraite surprirent tout le monde par leur ampleur. Mais le lendemain, les organisations syndicales, loin de s'appuyer sur la mobilisation qu'elles avaient créée, entamaient des négociations avec la direction.

Contre la réforme des retraites de Fillon, les enseignants entamèrent la grève dès le mois d'avril 2003. Le 13 mai, eut lieu une journée de grève, à la SNCF et à la RATP. Elle fut un succès énorme. Seulement, au lieu de s'appuyer sur l'élan donné par cette journée, les principales fédérations syndicales, dont la CGT, n'appelèrent qu'à une manifestation pour le dimanche 25 mai puis à une grève le 3 juin, prélude, disaient-elles, à un mouvement reconductible qui ne vint jamais.

Contrairement à 1995, la CGT se garda alors de réclamer le retrait du plan Fillon, se contentant de réclamer " une autre réforme des retraites ". De plus, elle s'opposait à toutes les assemblées communes, cherchant au contraire à isoler les secteurs les uns des autres.

Le mouvement se terminait piteusement le 10 juin. La réforme était appliquée pour la seule fonction publique. Mais tout le monde savait que le répit serait de courte durée pour les régimes spéciaux.

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