Commission Balladur-Lang : La " république " des petits amis.25/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2047.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Commission Balladur-Lang : La " république " des petits amis.

Les principales propositions de la commission sur la " modernisation des institutions ", mise sur pied par Sarkozy au lendemain de son élection, viennent d'être connues. Cette commission, qui est présidée par Balladur, l'ancien Premier ministre UMP, mais comprend aussi Jack Lang, devait faire des propositions pour " renforcer la démocratie ", " élargir les droits du Parlement ", et autres déclamations du même acabit. Mais ses propositions renforceraient encore le caractère personnel du pouvoir présidentiel et pourraient aboutir à donner le monopole de l'élection présidentielle aux deux grands partis, UMP et PS.

Sur les institutions, c'est le président de la République qui, en lieu et place du Premier ministre, " conduirait la politique du pays ", et ne pourrait donc pas être censuré par le Parlement pendant toute la durée de son mandat. En lot de consolation, les députés auraient tout juste le droit de bavarder un peu plus qu'aujourd'hui.

Quant au dossier de " démocratisation des élections ", c'est encore mieux. En ce qui concerne les élections législatives, pour atténuer le " caractère injuste " du scrutin majoritaire, la commission propose d'élire... 30 députés à la proportionnelle (sur 577). Pour avoir un seul député élu, selon ce système, un parti devrait obtenir 3,34 % de voix à l'échelle nationale... alors qu'à la proportionnelle intégrale il disposerait de 17 sièges.

Mais le système proposé pour les élections présidentielles aboutirait, lui, à une sélection radicale. Un collège de 100 000 grands électeurs serait instauré, eux-mêmes désignés par l'ensemble des élus. Ce collège serait donc sous le contrôle des plus grands partis, car il est évident que les maires de petites communes n'y seraient guère représentés. C'est devant ces grands électeurs que chaque postulant à l'élection présidentielle devrait faire acte de candidature. Celui qui ne réunirait pas 2 % des suffrages de ces grands électeurs ne pourrait pas se présenter à la présidentielle.

On pourrait ainsi aboutir à un système encore plus verrouillé qu'aux États-Unis, qui réserverait l'élection présidentielle aux grands partis qui rassemblent la cohorte des notables installés.

Cette république bourgeoise qui de haut en bas, dans toutes ses administrations et institutions, est faite pour servir les intérêts de la petite clique des plus riches, n'apprécie pas que les élections puissent donner une opportunité aux travailleurs et à une fraction de la population de faire entendre une voix différente. Alors, les partis bien installés, de droite et de gauche, qui considèrent que le gouvernement doit leur revenir de droit, voudraient tout naturellement ramener cela à la portion congrue.

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