Vente des actions d'EADS : Lagardère empochait, le gouvernement aidait19/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2046.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Vente des actions d'EADS : Lagardère empochait, le gouvernement aidait

Le feuilleton de la vente des actions EADS effectuée début 2006, juste avant l'annonce des déboires industriels de l'Airbus 380, continue de remplir les colonnes des journaux, qui tentent de répondre à la question à 600 millions d'euros : « Qui savait quoi ? »

Arnaud Lagardère, principal actionnaire d'EADS avec le groupe Daimler, a-t-il vendu ses actions au prix fort, empochant au passage 600 millions de plus-value, en sachant que les retards de livraison de l'Airbus 380 allaient d'ici peu les faire chuter en Bourse ?

Le gouvernement de l'époque, dirigé par Dominique de Villepin, avait-il été tenu au courant des problèmes industriels d'Airbus et de la vente des actions ? A-t-il même favorisé cette vente, en laissant la Caisse des dépôts et consignations acheter ces titres, ou même en le lui demandant ? Il aurait ainsi favorisé outrageusement Lagardère et les hauts cadres d'EADS qui, eux aussi, ont empoché de confortables plus-values. Tous les responsables se renvoient la balle et affirment que rien de ce qui a été fait n'était illégal...

Arnaud Lagardère, dans une interview au Journal du Dimanche, affirme même que toutes les opérations avaient été faites avec l'accord de Villepin, alors Premier ministre. « Dès janvier 2006, mes collaborateurs ont eu des réunions répétées et à haut niveau concernant l'opération (la vente des titres d'EADS appartenant au Groupe Lagardère, en particulier à la Caisse des dépôts et consignations) avec les services du Premier ministre... Matignon a suivi l'opération depuis le début. »

Villepin, lui, se défend, en prétendant que l'État n'était pas au courant des retards industriels de l'A380, dont l'annonce allait provoquer la chute des titres d'EADS en juin 2006. Et son ministre de l'Économie de l'époque, Thierry Breton, répète n'avoir été au courant de rien.

Voilà une belle brochette de bonimenteurs. Lagardère était le principal actionnaire du groupe EADS, c'est également le principal dirigeant du conseil d'administration. L'État est également un des principaux actionnaires d'EADS, même si le gouvernement Jospin avait cédé en 1999 la « gouvernance » du groupe à Lagardère et Daimler. Les dirigeants exécutifs d'EADS et d'Airbus sont nommés avec l'accord du gouvernement. Les liens personnels et financiers, les interpénétrations entre EADS et les organismes étatiques sont nombreux et étroits. On a du mal à croire que ces gens-là n'étaient pas au courant des problèmes industriels d'Airbus.

Quoi qu'il en soit, les difficultés causées par l'incompétence de la direction d'EADS se sont traduites (à moins que ce ne soit qu'un prétexte) pour les salariés par des plans de réductions de milliers d'emplois, toujours en cours, et par une exigence de travailler encore plus pour ceux qui restent. Mais elles n'auront pas empêché les principaux actionnaires d'empocher 600 millions de plus-value.

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