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À la SNCF : Une grève sur les rails
À la veille de la grève du 18 octobre, le bouillonnement commencé à la SNCF il y a environ trois semaines ne faiblissait pas. Après que Fillon et Sarkozy ont déclaré vouloir en finir avec les régimes spéciaux, alignant vers le bas les retraites des cheminots, la grève est rapidement devenue une évidence pour beaucoup.
Trois semaines de discussions, d'assemblées locales, de tournées syndicales, auxquelles se sont ajoutées des explications de la direction qui se voulaient rassurantes, mais qui ne l'étaient évidemment pas, ont fini par convaincre les cheminots que la « réforme » était inacceptable.
Le 18 octobre verra sans nul doute une des plus fortes mobilisations jamais atteintes à la SNCF. Mais le succès du 18 acquis, la question qui préoccupe les cheminots est la suivante : et après ? tant il est évident qu'une seule journée ne sera pas suffisante pour que soient atteints les objectifs des grévistes : le retrait des mesures inacceptables du gouvernement.
Et à ce propos, l'attitude de la fédération CGT crée un trouble certain, y compris parmi les militants et les adhérents de ce syndicat qui ne comprennent pas la politique de leur direction. Celle-ci veut à toute force en rester à un appel limité à 24 heures, sans demander leur avis aux grévistes, en refusant même d'organiser des assemblées où ces derniers pourraient s'exprimer et surtout se garde de proposer un plan de mobilisation précis et daté.
La fédération CGT des cheminots a simplement informé qu'elle rencontrerait le 22 octobre les fédérations de la CFDT, de la CFTC, CGC, UNSA, et de la FGAAC. Elle se dit également prête à appeler à une grève reconductible si le gouvernement ne montre aucun signe d'ouverture. Et les dirigeants de la CGT s'en vont répétant qu'il faut savoir attendre afin de pouvoir construire un mouvement interprofessionnel qui puisse stopper le gouvernement, et qu'il ne faut pas tomber dans le piège tendu par ce dernier qui consisterait à vouloir entraîner les cheminots dans un mouvement catégoriel sur les seuls régimes spéciaux.
Certes, cela serait négatif pour le mouvement et chaque cheminot en a conscience. Mais que proposent en positif les directions syndicales ? Ont-elles un plan de mobilisation à soumettre à l'approbation des grévistes, qui permettrait que l'élan donné par la grève du 18 octobre ne se dilue pas sur une longue période d'inaction ? Veulent-elles s'appuyer sur la mobilisation des travailleurs pour entraîner d'autres catégories professionnelles, comme elles l'avaient tenté et parfois réussi en 1995 ? C'est toutes ces questions que se posent les cheminots et c'est à ces questions que ne répond pas la direction de la CGT, syndicat de loin le plus influent.
Du coup, revient en mémoire la grève de 2003 où fut brisé l'élan provoqué par la forte journée de mobilisation du 13 mai, qui n'eut jamais les suites escomptées. Cela dit, dans bien des secteurs, des militants de la CGT avec ceux d'autres syndicats comme SUD-rail, FO et parfois la CFDT appellent à des assemblées afin que les grévistes décident des suites à donner à la grève et vérifient si le climat est dès à présent propice à la reconduction.