États-Unis : Le racisme ordinaire19/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2046.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Le racisme ordinaire

Un jeune Noir de Jena, en Louisiane, Mychal Bell, âgé de dix-sept ans, a été libéré sous caution le 27 septembre, à la suite d'une importante mobilisation antiraciste. Il avait été arrêté lors d'une bagarre avec des jeunes Blancs, jugé et condamné par un tribunal pour adultes alors qu'il est mineur. Mais les irrégularités juridiques n'étaient que la conclusion de toute une affaire gangrenée par la haine raciale toujours vivace dans le sud des États-Unis.

L'affaire a commencé en septembre 2006. Dans la cour du lycée de Jena trônait un arbre « blanc » ainsi surnommé parce que les élèves blancs avaient l'habitude de s'y abriter. Trois élèves noirs demandèrent au proviseur l'autorisation d'aller eux aussi y prendre le frais. Le lendemain, des élèves blancs avaient suspendu aux branches de l'arbre trois noeuds coulants, symboles évidents des lynchages de Noirs pratiqués encore il n'y a pas si longtemps dans cette petite ville du Sud, blanche à 85 %. Les auteurs de ce qu'on considéra comme une « mauvaise plaisanterie » furent exclus pour quelques jours.

La suite, ce fut une série de bagarres entre Blancs et Noirs. Un Blanc qui avait menacé les jeunes avec une arme ne fut pas inquiété mais six lycéens noirs, dont Mychal Bell, furent arrêtés pour avoir tabassé un lycéen blanc et même accusés d'abord de tentative de meurtre puis de coups et blessures en réunion.

Il fallut l'obstination d'une poignée de militants antiracistes, des Noirs et quelques Blancs, dont un pasteur texan, pour mobiliser l'opinion, les associations, les médias au niveau local puis au niveau national. Finalement une manifestation réunit à Jena le 20 septembre dernier 30 000 personnes venues de différentes villes des États-Unis.

La mobilisation a payé mais le problème de fond est loin d'être résolu. La violence raciste n'a pas disparu et même semble reprendre de la vigueur. L'hebdomadaire trotskyste Spark rappelle qu'à quelques heures de route de Jena, dans une ville du Texas, en 2003, un Noir avait été battu et laissé inanimé par un groupe de Blancs qui n'avaient été condamnés par un jury blanc qu'à des peines symboliques. Et à Jena même, on vient d'arrêter un jeune Blanc qui transportait des cordes de pendus dans sa voiture, tandis que des racistes appellent sur Internet à « virer » les « six de Jena » ; un climat délétère qui renvoie des années en arrière.

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