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- Lutte ouvrière n°2046
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Editorial
18 octobre : Un avertissement au gouvernement et au patronat
Jeudi 18 octobre, la SNCF, la RATP, EDF-GDF seront en grève. Plusieurs fédérations de fonctionnaires, postiers, enseignants, appellent à les rejoindre dans la grève et les manifestations. Un certain nombre de syndicats du secteur privé aussi ont choisi d'appeler à participer à la journée. À juste raison tant il est de l'intérêt de l'ensemble du monde du travail que la grève soit suivie et que les manifestations soient massives.
Les cheminots, les gaziers, les électriciens, les agents de la RATP ont raison de refuser qu'on touche à leur retraite. Mais ce n'est pas seulement de leur retraite qu'il s'agit. Le gouvernement, comme ses prédécesseurs, cherche à diviser les travailleurs entre eux en les attaquant les uns après les autres et en présentant les victimes d'aujourd'hui comme des privilégiés par rapport aux victimes d'hier. Mais le gouvernement a déjà annoncé qu'il veut imposer 42 annuités de cotisation pour tous. Et l'âge de la retraite lui-même sera repoussé. Jusqu'où ? Jusqu'à faire crever au travail une partie des travailleurs en faisant ainsi l'économie de leur retraite ? Et quant aux autres, ceux qui auront été poussés hors des entreprises par des patrons qui préfèrent de la chair à exploiter plus jeune, et qui n'auront pas le nombre d'annuités nécessaire, ils n'auront qu'à crever de misère, avec des pensions réduites.
Alors, oui, rien que la question des retraites exige que le monde du travail réagisse à la provocation du gouvernement.
Mais le 18 octobre doit aussi être l'occasion de protester contre toute la politique dite de « réformes » qui consiste à prendre aux travailleurs, aux retraités, aux chômeurs, aux assurés sociaux, pour pouvoir donner plus aux riches. Il faut que Sarkozy et ses ministres sachent que, même s'ils ont une majorité à leur botte à l'Assemblée, ils ne peuvent plus s'attaquer impunément aux conditions d'existence du monde du travail.
Et, au-delà des Sarkozy, Fillon et compagnie, qui s'agitent sur la scène politique, il y a le patronat. Il n'a pas attendu Sarkozy pour aggraver l'exploitation de la classe ouvrière. Quel est le travailleur qui ne ressent pas dans sa chair qu'il faut travailler de plus en plus pour gagner de moins en moins sa vie ? Les salaires sont bloqués. Les emplois précaires mal payés se généralisent. Les prélèvements décidés par le gouvernement, comme les franchises médicales, s'ajoutent aux hausses de prix pour réduire le pouvoir d'achat. Et, en même temps, il y a une pression permanente des patrons sur l'encadrement, et de l'encadrement sur l'ensemble des travailleurs pour augmenter le rythme et la dureté du travail, pour grappiller des minutes sur les temps de repos ou de repas. Il faudra mettre un coup d'arrêt à tout cela, dont l'unique raison est d'augmenter les profits qui sont ensuite drainés vers la spéculation, menaçant l'économie d'une crise financière grave.
Le 18 octobre doit être un avertissement venant du monde du travail aussi bien en direction du patronat que du gouvernement. S'il est massif, ce sera un encouragement pour tous, y compris pour ceux qui hésitent encore, afin qu'ils participent à la suite, car une suite est indispensable.
Personne ne peut avoir la naïveté de penser qu'une seule journée, même réussie, fera reculer le gouvernement, même sur la seule question des retraites. Il faut une suite. Les directions syndicales auraient dû annoncer par avance l'étape suivante. Elles ne l'ont pas fait. Elles envisagent de se revoir le 22 octobre. Un succès massif le 18 octobre sera la meilleure façon de les obliger à ce que de cette réunion sorte un nouvel appel.
Il faut que le gouvernement et le patronat sachent que les travailleurs ne subiront pas, impuissants, les coups qui leur sont portés.
Nous avons la force de réagir. Nous qui faisons tourner l'économie, nous avons aussi le pouvoir de l'arrêter et de bloquer leurs pompes à profit. Sarkozy a beau jouer les matamores, il devra en rabattre s'il doit affronter un mouvement social allant en s'élargissant et qui commencera alors à inquiéter le grand patronat.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 15 octobre