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Leur société
Heures supplémentaires : Sarkozy sert la soupe aux patrons... qui ne la trouvent pas assez épaisse
La nouvelle loi sur les heures supplémentaires, entrée en vigueur le 1er octobre, est avant tout un mauvais coup contre les travailleurs. Contrairement à ce que prétend le gouvernement, la seule façon d'augmenter réellement le pouvoir d'achat de tous les travailleurs serait d'augmenter les salaires. Et pour que cette augmentation se traduise également par une amélioration des comptes de la Sécurité sociale, elle doit être intégralement supportée par les entreprises, sans dégrèvements de cotisations sociales.
Mais, avec son " travailler plus pour gagner plus ", Sarkozy ne voulait pas seulement attaquer les travailleurs et faire un cadeau supplémentaire au patronat. Il prétendait aussi " faire repartir la croissance ". D'après lui, les salariés étant incités à travailler plus, ils gagneront plus et donc dépenseront plus, entraînant ainsi la " croissance ". La ministre de l'Économie, Lagarde, affirme qu'avec cette réforme ce sont 5,6 milliards d'euros supplémentaires qui seront injectés dans l'économie. Cette somme correspond à ce que l'État devra verser à la Sécurité sociale pour compenser la détaxation des heures supplémentaires, sur la base des 900 millions d'heures supplémentaires effectuées l'an passé. Elle ne nous dit pas où l'État ira prélever ces 5,6 milliards, si du moins il daigne, pour cette fois, payer sa dette aux organismes sociaux.
Des patrons, interrogés par la presse sur cette loi, approuvent unanimement son côté politique, " l'assouplissement du temps de travail ", c'est-à-dire l'attaque contre les travailleurs, mais doutent de la possibilité, et même de la nécessité de son application. D'abord parce que, pour qu'il y ait des heures supplémentaires à l'échelle du pays, il faudrait qu'il y ait du travail en plus. Or il n'y en pas car, depuis longtemps, le patronat fait son profit en faisant faire la même production par un nombre toujours plus restreint d'ouvriers et en diminuant le nombre d'emplois. Ensuite parce que les entreprises qui ont annualisé le temps de travail, en particulier les grandes entreprises, ne sont guère concernées. Enfin parce que les patrons, on s'en serait douté, disent que les aides proposées par le gouvernement ne sont pas assez " incitatives " et voudraient, en fait, la fin de toute loi encadrant le temps de travail.
Les seuls à être vraiment intéressés sont ceux qui vont pouvoir se passer de travailleurs précaires, en faisant faire des heures supplémentaires à leurs salariés en fixe. Ils contribueront ainsi à l'augmentation du nombre de chômeurs et à l'aggravation des conditions de travail. Ce qui est exactement le contraire de ce que prétendait vouloir faire Sarkozy, qui n'a été le réhabilitateur du travail que le temps d'une campagne électorale.
Une autre catégorie sociale va certainement devoir travailler plus, sans gagner plus, ce sont les comptables des entreprises, qui devront calculer les salaires et les cotisations sociales selon cette nouvelle loi. Vu la complexité de son application, cela va aussi notablement augmenter la consommation d'aspirine. Ce qui ne sera sans doute pas suffisant pour " stimuler la croissance ".