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Tribune de la minorité
Flics, provocateurs, hypocrites et... familles à la rue
Le campement des familles expulsées d'Aubervilliers devrait être levé, après accord intervenu entre un représentant des squatteurs, le DAL et le sous-préfet. Hasardeux d'affirmer qu'il s'agirait d'une solution favorable aux familles. Cinq d'entre elles devraient être relogées immédiatement mais provisoirement, dans un foyer. Les autres ultérieurement... sous conditions.
Le drame a fait grand bruit, après deux interventions policières d'évacuation du bivouac, sur décision de justice. Plus l'irruption inopinée de la secrétaire d'État aux droits de l'homme, Rama Yade : " J'ai entendu à la radio qu'il y avait des gens expulsés, j'ai improvisé cette visite. " Pour préciser tout de même : " J'ai voulu montrer qu'en matière de logement, l'extrême gauche (elle désigne ainsi le PCF) n'a pas de leçon à nous donner. " Membre d'un gouvernement qui vole les pauvres pour donner aux riches, elle s'est bien gardée de dénoncer les villes UMP qui ne construisent pas les 20 % de logements sociaux prévus par la loi (dont le Neuilly de Sarkozy, moins de 2 %). Un tiers des communes respecterait la loi, un autre tiers aurait promis de le faire, et un dernier s'en ficherait, peu troublé par des sanctions financières minimes.
Rama Yade a été désavouée par Fillon, gêné que vienne sur le tapis la carence de son gouvernement, comme des précédents, en matière de logement populaire. À noter que la ministre du logement Christine Boutin s'illustre en projetant un décret d'application de la loi de " droit au logement opposable " (pare-feu à l'action des Don Quichotte l'hiver dernier), qui en ferait un chiffon de papier !
La municipalité communiste d'Aubervilliers, quant à elle, souligne que les familles occupaient illégalement des logements sociaux ; qu'elle en compte plus de 40 %, et 3 800 demandes en attente. L'Humanité fait observer qu'il n'y a aucune raison que ces familles passent devant celles qui ont déposé un dossier. Cela justifierait la demande d'expulsion faite et obtenue par la mairie en justice, en juin 2007. Le journal élève une protestation contre les violences policières. Lucien Marest, adjoint au maire, déclare que " Tout cela ressemble à une énorme machination contre une municipalité communiste ".
Voire...
Lorsque les familles ont été expulsées de leurs appartements, elles ont lutté pour une solution collective de relogement. L'intervention policière récente fait suite à une plainte pour " troubles à l'ordre public " déposée par... la mairie communiste ! Drôle de façon " d'exprimer sa solidarité avec ceux qui sont mal logés " comme le revendique l'adjoint au maire dans la même interview. Et si les édiles du PCF dénoncent l'opération politicienne de la droite, à l'approche des municipales, il est possible qu'ils ne soient pas dénués de telles considérations, eux qui n'ont pas envie de perdre des électeurs anti-pauvres et anti-immigrés.
La mairie d'Aubervilliers fait plus que d'autres pour le logement social. La liste de demandeurs de HLM y est plus longue qu'à Saint-Cloud ou Chatou. Mais c'est une goutte d'eau dans l'océan du mal-logement où sombrent aujourd'hui plus de trois millions de travailleurs. À cause du chômage et de la misère... produits dérivés d'un système d'exploitation que la gauche gouvernementale, PC autant que PS, a depuis longtemps renoncé à combattre. Depuis longtemps, elle a détourné les travailleurs de perspectives de lutte de classe à l'échelle nationale, sur la question du logement comme sur les autres. Au gouvernement, elle fait au mieux une loi comme celle de 2000 sur les quotas de logements sociaux, sachant qu'elle ne sera pas appliquée. Quand elle est dans l'opposition, elle demande des tables rondes à Sarkozy ! Mais que n'a-t-on vu des flics musclés, venir cueillir au petit matin des élus de droite qui s'étaient assis sur la loi, sur décision de justice arrachée par la gauche ? Et force est de reconnaître que les mairies des grosses banlieues PS ou PC ont plus vite fait de dénoncer les " réseaux d'escrocs " minables qui forcent des portes de HLM à des squats miséreux, que les vraies mafias de l'immobilier auxquels elles offrent des ponts d'or pour d'immenses chantiers de rénovation. Pas étonnant que le PC, au lieu de se saisir du combat des familles d'Aubervilliers comme d'une opportunité, au lieu de tenter de le lier à d'autres qui se déroulent ailleurs dans le pays, y voit une épine dans le pied.
La perspective demeure néanmoins de la seule contre-offensive qui vaille : une lutte d'ensemble des travailleurs pour la réquisition des logements vides et la construction immédiate d'un million d'HLM - qui ne coûterait que les 100 milliards d'euros que l'État verse chaque année en subventions aux patrons.
Raphaël PRESTON
Convergences Révolutionnaires n° 52 (juillet-août 2007) Bimestriel publié par la Fraction
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