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Élections législatives au Maroc : La population boude les urnes
Le 7 septembre ont eu lieu au Maroc les élections législatives. Malgré une campagne à grands moyens appelant à s'inscrire sur les listes électorales et à voter, la population ne s'est guère déplacée.
Alors que la précédente élection du Parlement, en 2005, avait donné un taux de participation de 52 %, les électeurs n'ont cette fois été que 37 %. Les appels du roi, les pressions de certaines municipalités menaçant par exemple de ne pas délivrer les papiers officiels aux abstentionnistes, rien ne semble avoir pu contrebalancer l'indifférence générale à l'égard de ces élections et la conviction que, de toute façon, celles-ci ne pourraient rien changer.
Aucun des trente-trois partis qui présentaient des candidats n'a tenté de battre en brèche l'impression dominante selon laquelle, en définitive, c'est le roi qui décide, qui nomme le Premier ministre, d'autres membres du gouvernement et la haute administration. Beaucoup semblaient donc convaincus de l'inutilité du vote. Et ce d'autant plus que l'USFP (Union Socialiste des Forces de Progrès), parti de gauche demeuré pendant des décennies dans l'opposition, appelé au gouvernement depuis 1997, deux ans avant la mort du précédent roi, Hassan II, n'a aucunement su répondre aux aspirations populaires.
Chômage, pauvreté et analphabétisme de la moitié de la population, misère dans les campagnes, bidonvilles à la porte des agglomérations modernes, rien n'a changé pour les couches populaires marocaines. Les partis représentés au Parlement pendant la dernière législature payent donc, USFP en premier, puisqu'elle perd des sièges et est devancée par le vieux parti de droite, l'Istiqlal, qui arrive en tête. Ce parti, nommé " Indépendance ", se voit régulièrement affublé du surnom d'" Exploitation ", par des militants syndicaux qui se contentent de transformer une des lettres du mot en arabe.
En dépit du désaveu des électeurs, la Kutla, la coalition gouvernementale que ces deux partis forment avec le PPS (Parti du Progrès et du Socialisme, héritier du Parti Communiste Marocain et participant au gouvernement depuis 1998), va probablement perdurer. Quant au parti islamiste dit " modéré ", le PJD (Parti pour la Justice et le Développement), fort d'avoir pu présenter des candidats dans toutes les circonscriptions, doublant ses candidats par rapport à 2002, il n'emporte que quatre sièges supplémentaires. Arrivé en second après l'Istiqlal, il s'emploie à dénoncer des pratiques d'achat de voix... dans lesquelles il n'aurait pas eu les moyens de rivaliser avec les autres partis.
Fort de la présence d'observateurs internationaux, le gouvernement marocain qualifie maintenant ce scrutin d'" honnête et transparent ". Apparemment, ce n'est pas ce que la population marocaine pense du régime.