Droit du travail : Concertation bidon ou réelle riposte ?14/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2041.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Droit du travail : Concertation bidon ou réelle riposte ?

Sur l'injonction du gouvernement qui a menacé de légiférer s'il n'y avait pas d'accord dans les trois mois qui suivent, les syndicats ont été conviés à se rendre au siège du patronat le 7 septembre pour " moderniser le marché du travail ". La veille, Sarkozy en déplacement à Strasbourg s'est enflammé : " Je suis pour libérer la force de travail... Si la croissance n'est pas assez forte, eh bien j'irai encore plus loin dans l'allégement du coût du travail... " Le représentant du patronat a déclaré quant à lui, à propos de ce qu'il attendait d'un accord avec les syndicats, qu'" ouvert et déterminé ", il souhaitait aller encore plus loin.

Mais tous ces " Monsieur plus " ne visent en fait qu'à imposer de nouvelles facilités pour les patrons en matière de conditions d'embauches et de licenciements, avec l'aval des syndicats si possible afin de limiter au maximum d'éventuelles réactions.

À travers le " contrat unique " de Sarkozy ou la " séparation à l'amiable " entre employeur et salarié mise en avant par Parisot, la présidente du Medef, tous entendent permettre aux patrons de licencier à leur guise, quand ils veulent et comme ils veulent, sans avoir le moindre compte à rendre. En fait de " modernisation ", ce serait en réalité revenir à ce qui se passait au début du XXe siècle.

Ce retour en arrière est d'ailleurs en marche depuis un bon moment, initié par le patronat et repris à son compte par tous les rouages de l'État. Les gouvernements ont remis en cause, par la loi et la réglementation, les quelques protections dont disposaient les travailleurs : facilités offertes pour tous les contrats précaires, remise en cause continue des petites protections en cas de licenciements économiques, mise en place du CNE avec la liberté de licencier pendant deux ans les nouveaux embauchés dans les entreprises de moins de 20 salariés. Pression sur l'inspection du travail pour laisser en paix les patrons, même s'ils n'appliquent pas la loi, pression sur l'ANPE pour qu'elle fasse la chasse aux chômeurs, systématiquement présentés comme " fraudeurs " potentiels ; baisse des indemnisations chômage et limitation de leur durée pour obliger les sans-emploi à accepter des travaux sous-payés et faire pression sur tous les salaires à la baisse. Et enfin l'appareil judiciaire participe, de son côté, à travers les jurisprudences, à la mise en pièce des droits protégeant les salariés face à l'arbitraire patronal. Ainsi a été réduit en miettes le droit à la réintégration des salariés licenciés économiquement dans les grandes entreprises et dans celles en dépôt de bilan. La " liberté d'entreprendre " et donc de licencier devient le dogme absolu.

Tous ces retours en arrière, toutes ces facilités offertes aux patrons n'ont pas fait reculer les licenciements et le chômage. Tous le savaient, comme tout le monde sait qu'il en sera de même pour les nouvelles remises en cause qui sont en gestation.

C'est bien d'ailleurs pourquoi tout ce qu'on nous présente comme " concertation " ou " négociation " ne vise qu'à berner les travailleurs. Malheureusement, les chefs syndicaux y participent à leur façon. Car, si patrons et gouvernement mènent leur offensive, la moindre des choses serait déjà d'en démonter les mécanismes en alertant tous les travailleurs sur ce qui se trame contre eux. Au lieu de ça, les chefs syndicaux, de la CFDT à la CGT en passant par FO, font semblant de croire avec plus ou moins de nuances qu'il pourrait sortir du bon du traquenard tendu par Sarkozy et Parisot.

Si les adversaires des travailleurs souhaitent compromettre les dirigeants des syndicats, c'est qu'ils n'ont peur que d'une chose : les réactions possibles de la classe ouvrière. C'est donc bien sur ce terrain-là qu'il ne faudra pas les démentir.

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