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Antilles : Après l'ouragan Dean Une répartition bien inégale des aides
L'évaluation des dégâts liés au passage de l'ouragan Dean sur la Guadeloupe et la Martinique s'élève, aux dires des experts du gouvernement, à 500 millions d'euros. Les compagnies d'assurance quant à elles devraient rembourser les biens assurés à hauteur de 185 millions d'euros. Pour le secteur de la banane, le gros de l'indemnisation devrait se faire par le biais du Fonds de Solidarité de l'Union Européenne, spécifique aux catastrophes.
Des aides pour qui ?
Les organisations patronales ont bien vite annoncé les chiffres de leurs pertes et mis en place les procédures " ad hoc " pour recueillir les indemnisations nécessaires au redémarrage de leurs productions. D'abord celles du secteur bananier. Au lendemain de l'ouragan, les dirigeants des groupements bananiers ont réuni leurs adhérents et rendu publics leurs chiffres. Pour faire plus vrai, ils ont emmené les ministres visiter leurs exploitations. Moins d'une semaine après le passage de Dean, Estrosi, le secrétaire d'État à l'Outre-Mer, leur a annoncé une aide de 115 millions d'euros. Les autres professionnels, ceux de la pêche, de l'agro-alimentaire ou du tourisme, ont également mis en avant l'importance de leurs pertes.
En dépêchant ses ministres, Estrosi le secrétaire d'État à l'Outre-Mer, puis Fillon le Premier ministre, et enfin Barnier le ministre de l'Agriculture, Sarkozy a voulu montrer sa réactivité mais surtout marquer le terrain politique. Les ministres étaient chargés de se faire une idée des dégâts et d'annoncer des premières mesures. Ils ont ainsi dit que " des délais de paiement supplémentaires seront accordés aux entreprises pour les impôts et cotisations sociales ", que " l'Agence française du développement (AFD) sera mobilisée pour proposer des crédits de trésorerie aux entreprises et des prêts bonifiés en direction des collectivités territoriales ".
En définitive, même si le cyclone est un coup dur, tous ces gens-là, qui ont accumulé des biens et du profit, arriveront à s'en sortir.
Et la population laborieuse ?
Mais qu'en sera-il des biens des particuliers et des plus petites entreprises, souvent des petits artisans ou commerçants ? Il est dit qu'ils devraient être indemnisés, sous certaines conditions, par un Fonds de secours de l'État, sur la base des déclarations remises en mairie et relayées par le préfet de région dans un délai de 3 à 5 mois.
Qu'est-ce qui leur sera remboursé ? Pour les plus démunis, qui sont nombreux, quelques matelas, quelques morceaux de tôle, un peu d'électroménager, et encore ! Comme le disaient certains, " on nous demande d'amener des factures, des photos et je ne sais quoi comme preuve, mais on a tout perdu, ou tout a été mouillé " !
Pour les petites gens et spécialement pour ceux qui ont tout perdu, le gouvernement a débloqué, la semaine suivant le cyclone, une aide exceptionnelle de 300 euros par personne et 80 euros par personne supplémentaire à charge. Pour cela il a fallu réunir les présidents des collectivités, les maires, les députés, les sénateurs, pour bien déterminer qui, dans chaque commune, était suffisamment nécessiteux pour pouvoir bénéficier de telles largesses.
Quant aux salariés, ceux des plantations de banane, de canne à sucre et tous les autres qui seront mis au chômage technique, au chômage partiel, ou qui perdront carrément leur emploi, ils recevront une indemnisation de 60 à 70 % de leur salaire de misère, ou rien du tout.
Autant dire que ce sont les mêmes, les plus gros, les plus forts, les plus exploiteurs aussi qui recevront la plus grosse partie des aides. Quant aux travailleurs et à la population des quartiers sinistrés, ils auraient intérêt à s'organiser pour contrôler eux-mêmes ce qu'il advient des aides et des secours ainsi que des " aides à l'amélioration de l'habitat précaire " promises.