Sarkozy à l'université d'été du Medef : Le président de tous les patrons06/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2040.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy à l'université d'été du Medef : Le président de tous les patrons

Le 30 août, Sarkozy s'est rendu à l'université du Medef qui recevait pour la première fois, sinon Sarkozy, du moins un président de la République. Laurence Parisot l'a remercié de " l'hommage " qu'il rendait ainsi à " l'esprit d'entreprise ". En retour, sous les applaudissements des patrons rassemblés, il l'a assurée de son souhait que " toute la nation soit rassemblée derrière ses chefs d'entreprise ".

" Vous pouvez compter sur moi, a proclamé le président, pour que l'État joue le jeu, pour qu'il allège vos charges et vos contraintes. " Et de leur confirmer son intention d'aller plus loin dans " l'allégement de la taxation du travail, afin de rendre du pouvoir d'achat au travailleurs ", et plus loin aussi " dans la réforme fiscale ", sous le prétexte d'empêcher les délocalisations et les fuites de capitaux. Au passage, il n 'a pas oublié de se glorifier du " paquet fiscal " qui, lui, a déjà été voté cet été.

Sur les 35 heures, Sarkozy a déclaré vouloir aller " beaucoup plus loin dans leur assouplissement afin de redonner des marges de manoeuvre plus importantes à la politique salariale. " Il en a appelé à " la rupture avec cette politique de dévalorisation du travail qui, depuis trente ans, s'efforce par tous les moyens d'empêcher les Français de travailler ". Comme si les bas salaires et le chômage étaient à mettre au compte des 35 heures !

Les patrons ont donc bu du petit lait, toutes les propositions de Sarkozy allant dans le sens de ce qu'ils demandent. Il leur a promis une augmentation du crédit d'impôt recherche, avec un taux triplé, une majoration de 50 % la première année et... une simplification des procédures administratives. Il les a assurés de son engagement à ne pas remplacer la moitié du nombre de fonctionnaires partant à la retraite, leur promettant que les économies ainsi réalisées leur seraient consacrées : " Je me suis fixé pour objectif que l'État consomme moins et investisse davantage. " (!)

Concernant les contrats de travail, le chef de l'État a affirmé son penchant pour " une séparation à l'amiable " entre patrons et salariés. La patronne des patrons lui avait soufflé la formule la veille. Il l'a reprise, ainsi que l'argument selon lequel " pour les familles, il y a bien un divorce par consentement mutuel ", ajoutant que " l'objectif, c'est plus de liberté et plus de prévisibilité pour l'employeur ". Il a également rappelé son souhait de fusionner avant la fin de l'année l'ANPE et l'Unedic (l'assurance chômage), sous le fallacieux prétexte que les chômeurs seraient " mieux indemnisés et mieux rémunérés " mais avec l'objectif réel et avoué " qu'aucun ne puisse refuser plusieurs offres d'emploi correspondant à ses qualifications sans être sanctionné ".

Enfin, cerise sur le gâteau, Sarkozy en a rajouté par rapport à son programme électoral. Il a notamment déclaré qu'il souhaitait faire interdire les enquêtes pénales consécutives à des dénonciations par lettre anonyme. " À quoi sert-il d'expliquer à nos enfants que Vichy, la Collaboration, c'est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux sur une dénonciation anonyme ? " Et voilà les patrons fraudeurs assimilés aux malheureuses victimes de la délation sous Pétain ! Et, afin de les protéger encore un peu plus, le chef de l'État a affirmé son aspiration à mettre un terme aux poursuites pénales contre les entrepreneurs.

Sarkozy a beaucoup promis aux patrons. D'aucuns ont fait remarquer que les mesures concrètes sont plus lentes à venir. Malgré tout, Sarkozy est prudent, car il craint que des attaques trop frontales ne déclenchent des réactions de la part des travailleurs. Reste à démontrer que ses craintes sont justifiées.

Partager