Au Texas, Kenneth Foster n'aura échappé à l'exécution capitale que d'extrême justesse. Six heures à peine avant celle-ci, le gouverneur a commué sa peine en réclusion à vie.

Kenneth n'a tué personne, mais il a été jugé complice, car il conduisait la voiture lors d'une virée entre copains qui avait dégénéré et s'était terminée par un assassinat. Or, selon la loi dite " des parties ", un complice encourt la même peine que l'auteur direct d'un crime.

Pour une fois, le gouverneur du Texas a donc commué la peine, alors qu'il venait de faire exécuter deux condamnés et qu'il a à son actif 163 exécutions, plus que les 152 de son prédécesseur Bush, l'actuel président des États-Unis.

Le Texas détient un sinistre record, avec 402 exécutions, soit un tiers du total national des États-Unis depuis que la Cour suprême a décidé, en 1976, après s'être prononcée dans l'autre sens quatre ans auparavant, que la peine de mort était constitutionnelle. Pour l'année 2007, les exécutions capitales au Texas ont même représenté les deux tiers du total national. Mais une trentaine d'autres États américains appliquent la peine de mort, en plus de l'État fédéral. En juillet dernier, le Dakota du Sud a même procédé à sa première exécution depuis 1947 !

Même s'il y a un peu moins d'exécutions que dans les années 1980 et 1990, les tribunaux continuent au même rythme, et avec la même légèreté, à condamner à mort des accusés dont beaucoup sont ensuite reconnus innocents. Il y a plus de 3 300 condamnés dans les couloirs de la mort, dont un tiers de Noirs et une écrasante majorité venant des milieux défavorisés.

Ces condamnations et ces exécutions traduisent la barbarie d'une société, tout comme les crimes que cette peine de mort prétend combattre - avec l'efficacité que l'on voit.