"Droit" de la mer : Les bons naufragés et les autres06/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2040.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

"Droit" de la mer : Les bons naufragés et les autres

Sept pêcheurs tunisiens, qui avaient secouru 44 naufragés au large de la Sicile le 8 août dernier, sont toujours détenus en Italie. Ayant, comme c'est logique, débarqué les naufragés dans le port le plus proche, et donc dans l'île italienne de Lampedusa, ils sont inculpés d'encouragement " prémédité et à des fins lucratives de l'immigration clandestine ". Ils risquent jusqu'à quinze ans de prison.

Il ne s'agit pas d'une lubie d'un juge italien, mais d'une politique concertée, puisqu'une mésaventure du même genre est arrivée à des marins algériens dans un port français. Le 12 août, le ferry El Djezaïr, faisant route d'Oran à Marseille, a recueilli au large d'Alicante (Espagne), huit personnes dérivant sur une embarcation prête à couler. D'après le capitaine, ces naufragés, faute de secours, " étaient voués à une mort certaine ". Or les autorités du port de Marseille, la destination du ferry, loin d'accueillir les naufragés et de s'en occuper, ont voulu infliger à la compagnie propriétaire du ferry une amende de 10 000 euros par " passager clandestin transporté " ! Le capitaine de l'El Djezaïr n'a eu d'autre solution que de ramener les naufragés en Algérie... où ils seront poursuivis pour " embarquement illégal sur un bateau " et passibles de prison.

Les usages de la mer comme les traités internationaux font obligation à tout navire de porter secours à tout naufragé et de débarquer, si nécessaire, les blessés dans le port le plus proche, quitte à se dérouter. Mais les autorités européennes font ce qu'il faut pour contraindre les marins à passer au large des épaves chargées de candidats à l'émigration, en détournant, s'ils le peuvent, le regard de ces hommes souvent promis à la mort.

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