Une des raisons invoquées pour la création de la Banque Postale au 1er janvier 2006 était, pour rajeunir la clientèle, de mettre en place des crédits immobiliers sans épargne préalable dans un premier temps, puis ensuite instaurer des prêts à la consommation. Un service phare, avec les moyens à la hauteur des ambitions de la Banque Postale ? Même pas !

Si la Banque Postale avoue déjà en 2006 des gains de productivité en hausse de 25 % dans le secteur des crédits, et un montant de ces prêts immobiliers de plus de cinq milliards d'euros pour 85 700 emprunteurs, elle se garde bien d'embaucher, appliquant sa politique de restructuration et de suppressions d'emplois tous azimuts.

Au CRSF (Centre régional des services financiers, ex-Chèques postaux) de Bordeaux, cette politique entraîne chaque année la suppression de 50 postes.

Le service Crédits, lui, pointe à 40 employés depuis 2003, sans aucun apport de personnel malgré une hausse de charge de travail de 25 % depuis 2006.

Ce service ne peut pas fonctionner sans un renfort permanent de 5 à 10 personnes. Alors on colmate comme on peut avec du personnel d'autres services, au détriment de la gestion courante des comptes, avec des CDD que l'on doit reformer à chaque nouvelle vague d'embauche puisqu'ils ne sont pas gardés, avec des intérimaires. Certains directeurs ou cadres ont même retroussé les manches pour venir préparer quelques dossiers !

Des heures supplémentaires ont été proposées, qui n'ont pas remporté un grand succès auprès des agents ! En effet elles sont rétribuées à l'indice 392, alors que la plupart des agents y travaillant sont souvent à un indice bien supérieur. Les agents qui font ces heures supplémentaires demandent alors à juste titre à les récupérer, et du coup ça coince et le service Crédits est enfoncé pratiquement toute l'année. L'objectif de toute cette course est d'être prêts en septembre pour un nouveau challenge de crédits qui débute : La Poste l'appelle " Turbo 4 "... rien que ça !

Pour le personnel, cela signifie stress et conditions de travail dégradées ; pour les usagers, tension et inquiétude pour leurs dossiers d'emprunts qui prennent du retard. Mais la direction du CRSF persiste et signe, et refuse d'embaucher. Les raisons ? En 2008, de vastes projets de restructuration sont prévus, avec de nombreuses suppressions de centres, d'emplois et de postes. Ainsi au centre de Bordeaux plusieurs services spécialisés pourraient disparaître : successions, épargne Bourse, crédit (plus de 120 agents), ainsi que tous les services de production (plus de 200 agents) qui devraient être touchés.

La Banque Postale veut, entre 2008 et 2010, réduire l'effectif global de 25 %. Toujours plus d'activités, avec moins de personnel à payer et de structures à entretenir, c'est le rêve de la Banque Postale pour faire plus de bénéfices.

Il faut inverser la vapeur et exiger le maintien de tous les centres, et surtout de tous les emplois.